... ils pourraient partager leurs expériences constructives, en France comme c'est le cas ailleurs...
*
Je vis au Canada depuis 2009. J’y ai émigré
parce que, chaque fois que j’y étais invité - par des universitaires ou des
chercheurs qui avaient lu mes romans -, on me parlait d’éthique de la relation,
sur un ton et dans des termes très éloignés de ce que j’entendais en France. Il
n’y avait pas qu’au Canada, d’ailleurs. J’avais déjà croisé des médecins
britanniques, hollandais, suédois qui m’avaient expliqué que dans les
universités de leurs pays, on enseignait aux étudiants en médecine que le
respect pour les patients était une valeur primordiale, un fondement de leur apprentissage
et de leur exercice futur.
Six années ont passé et j’ai pu constater qu’en
Amérique du Nord, au Canada et en particulier au Québec, la réflexion éthique
sur la relation de soin n’est pas un vain mot, ni dans les revues, ni dans les
facultés de médecine, ni dans les réseaux sociaux, ni dans les médias. L’une
des conséquences directes de cette réflexion générale est l’importance croissante
accordée aux interventions actives des patients dans la formation des médecins.
Des congrés de formation consacrés - ou qui font appel - à l'expertise des patients
Du 12 au 14 novembre 2015
se tiendra à Vancouver une conférence internationale intitulée :
« Where’s the
patient’s voice in Health Professional Education - 10 years on ? »
(« Où en est la
voix des patients dans l’éducation des professionnels de santé – dix ans après »).
C’est la seconde conférence internationale sur ce thème – la précédente a eu
lieu en 2005. Le programme
complet figure ici.
Objet de cette
conférence :
The conference is about practice, innovation and theory that embed the
patient/client/ service user voice in health professional education. It is an
opportunity to share examples of how health professional education can be
enriched by patient involvement. Over three days, participants will present
examples of collaborative projects between educators and patient/community
groups and examine the outcomes of these partnerships for faculty, patients,
students and the learning environment.
Traduction :
« La conférence aborde les pratiques, les innovations et les théories qui
incluent la voix du patient/client/usager des services de santé dans
l’éducation des professsionnels. C’est une occasion de partager des exemples de
la manière dont on enrichit l’éducation des professionnels grâce à l’inclusion
des patients. Pendant trois jours les participants présenteront des exemples de
projets collaboratifs entre formateurs et patients/groupes communautaires et
examineront les conséquences de ces collaborations pour les enseignants, les patients,
les étudiants et les environnements de formation. »
Voici la traduction
du titre de quelques interventions :
La voix des patients dans la formation à la communication des étudiants
en médecine. (Patients’ Voices in
Communication Training of Medical Students Anne Marie Rieffestahl, Centre for
Clinical Education, The Capital Region of Denmark, Denmark)
Pour les personnes handicapées, qu’est-ce que les futurs professionnels
doivent apprendre pour développer une pratique de coopération centrée sur les
besoins des patients ?
(What do People with Disabilities
Consider Important for Future Professionals to Learn to Develop Person-centered
Collaborative Practices? Elise Milot1 , Maman Joyce Dogba1 1 Université Laval, Canada)
Comment améliorer les interactions entre prestataires de services et
personnes souffrant de handicaps intellectuels en milieux résidentiels ?
(How to Improve the Interaction
Between Service Providers and People with Intellectual Disability Living in
Residential Homes? Margunn Rommetveit1 , Marit Pettersen1 , Anita Tollefsen1 1
Bergen University College,
Norway)
De la survie au conseil : lorsque les usagers des services de
santé mentale et d’addictologie servent de conseillers aux résidents en
psychiatrie.
(From Surviving to Advising:
Pairing Mental Health and Addiction Service Users as Advisors to Psychiatry
Residents Sacha Agrawal, Centre for Addiction and Mental Health, University of
Toronto, Canada)
Créativité et innovation dans la formation infirmière : décrire
l’expérience du patient après avoir lu son journal de bord.
(Creativity and Innovation in
Nursing Education: Drawing the Patient’s Experience Following the Reading of
his Diary Paola Montanari, Presidio Sanitario San Camillo, Fondazione Opera San
Camillo, Italy)
De la recherche à l’enseignement : intégration de l’expertise des
patients aux simulations de rencontres cliniques autour de la séropositivité et
du sérodiagnostic du VIH proposées aux étudiants en médecine.
(From Research to Curriculum:
Integrating Patient Expertise into an HIV Counselling and Testing Simulated
Clinical Encounter for Medical Students Denise Jaworsky, University of British
Columbia, Canada Dave Skitch, Toronto HIV/AIDS Network, Canada Christine
Decelles, Collaboration for HIV Medical Education, Canada Nancy McNaughton,
University of Toronto, Canada)
Quand les patients font des commentaires écrits aux étudiants en
médecine. Développement d’un instrument destiné à mesurer les compétences en
consultation.
(Written Patient Feedback for Medical
Students: Development of an Instrument for Assessing Patient-centred Consulting
Skills Jenepher A Martin, Monash University, Deakin University, Australia)
Comment intégrer la voix des patients autochtones à la formation
médicale.
(Inclusion of the Indigenous
Patient’s voice in Medical Education Suzanne G Pitama, University of Otago, New
Zealand)
Perceptions des étudiants en médecine à l’égard du concept de
patient-partenaire.
(Medical Students’ Perception
of the Patients as Partners Concept Marie-Pascale Pomey, Philippe Giguere, University
of Montréal, Canada)
*
Je vous invite par
ailleurs à regarder d’où viennent les intervenants : du Canada (anglophone
et francophone), d’Angleterre, des Etats-Unis, de Nouvelle-Zélande,
d’Australie, du Danemark, de Norvège, de Suède, d’Italie, de République
Tchèque. Il n’y a aucun intervenant français.
J’ai eu connaissance
de ce programme pendant la préparation d’un autre colloque, Creating Space VI, qui se tiendra à Montréal en avril prochain, au sein de la conférence canadienne sur
l’éducation médicale (CCEM). Les thèmes suggérés pour les interventions (la
version française suit immédiatement la version anglaise) peuvent
être consultés ici. Ces interventions peuvent y être données indifféremment
en français ou en anglais car le Canada, je le rappelle, a deux langues
officielles et, au Québec, la langue officielle est le français.
Quant au respect du patient, la France est très en retard...
En ce moment-même, on peut
entendre en podcast une émission sur le site de France-Culture, voir sur YouTube une vidéo de la BBC et lire ici et là des blogs consacrés aux maltraitances
gynécologiques ou autres subies par les patientes en France.
Il n’est pas
scandaleux d’affirmer qu’entre l’éducation médicale à la française dans son
ensemble (en gardant à l’esprit que tous les médecins ne sont pas à mettre dans le même sac)
et l’éducation médicale dans d’autres pays développés (anglo-saxons surtout,
mais pas seulement), il y a un gouffre, et que ce gouffre découle avant tout des
conceptions sur la relation de soin ayant cours dans le monde médical hexagonal.
Qu’est-ce qui définit
la relation entre un soignant (mettons, un médecin) et un patient ? Dans
le monde anglo-saxon et scandinave, ainsi qu’aux Pays-Bas, la relation de soin
comporte pour les médecins une obligation stricte de respect, en toute circonstance, aussi bien dans les paroles que dans les gestes. Cette obligation commence (comme en témoignent les thématiques des colloques ci-dessus) par le fait d'écouter et de prendre en compte pleinement ce que les patients disent et
pensent et de l'intégrer pleinement à la formation des
soignants !
L'enseignement de la médecine en France est loin de mettre le patient au centre de ses préoccupations - et il maltraite aussi les professionnels
Le respect du patient n'est pas du tout prioritaire en France où (par exemple), les
présidents de deux grands syndicats de gynécologues réfutent les
témoignages des patientes qui se disent maltraitées.
On est loin du respect quand
on sait que dans certaines facultés de médecine on enseigne encore (ou en enseignait
encore il y a peu, ce qui est pareil) aux étudiants à
pratiquer des examens vaginaux ou prostatiques sur des patients endormis (et
non prévenus) sans que cela semble poser problème aux enseignants. La loi est pourtant parfaitement claire : toute pénétration à caractère sexuel sans consentement est un viol et le fait que le patient se trouve dans un établissement d'enseignement ne dispense nullement de lui demander son accord.
On est loin du respect quand
le Professeur Vallancien, praticien hospitalo-universitaire à l'Université Paris-Descartes déclare sans sourciller (sur cette page) qu’on peut (à son avis) « utiliser le
corps des patients pour éduquer les jeunes chirurgiens ».
Le seul emploi du mot
« utiliser » renvoie à tout ce que la bioéthique combat depuis le procès des médecins à Nuremberg: à savoir, et pour commencer,
l’objectification des patients à des fins "pédagogiques", "expérimentales" ou autres décidées et imposées par les médecins.
Soixante-dix ans après Nuremberg et malgré de nombreux repères éthiques - (citons le code de l'association médicale mondiale, le Code de déontologie des médecins inclus dans le Code de la santé publique français ou la loi Kouchner relative aux droits des malades), les institutions médicales françaises continuent à défendre des valeurs dépassées et, pour beaucoup, contraires à l’éthique et à la justice.
D’abord, par la structure pyramidale de la profession : la médecine générale, qui délivre les soins de proximité nécessaires à toutes et à tous est dévaluée par le gouvernement actuel, qui harasse les généralistes et veut leur imposer des réglementations toutes plus incompatibles avec un exercice tourné vers les besoins des patients ; mais elle est aussi dévaluée par la profession elle-même ; on ne trouve pas un seul médecin généraliste parmi les membres de l’Académie de Médecine, et il y a quelques années, il n’y avait qu’une seule chaire universitaire de médecine générale en France. Je doute qu’il y en ait beaucoup plus aujourd’hui. Aujourd’hui encore, les enseignants de faculté (pour leur immense majorité des spécialistes) dénigrent ouvertement la médecine générale auprès des étudiants, dissuadant certains d’exercer cette spécialité, et décourageant les autres.
Soixante-dix ans après Nuremberg et malgré de nombreux repères éthiques - (citons le code de l'association médicale mondiale, le Code de déontologie des médecins inclus dans le Code de la santé publique français ou la loi Kouchner relative aux droits des malades), les institutions médicales françaises continuent à défendre des valeurs dépassées et, pour beaucoup, contraires à l’éthique et à la justice.
D’abord, par la structure pyramidale de la profession : la médecine générale, qui délivre les soins de proximité nécessaires à toutes et à tous est dévaluée par le gouvernement actuel, qui harasse les généralistes et veut leur imposer des réglementations toutes plus incompatibles avec un exercice tourné vers les besoins des patients ; mais elle est aussi dévaluée par la profession elle-même ; on ne trouve pas un seul médecin généraliste parmi les membres de l’Académie de Médecine, et il y a quelques années, il n’y avait qu’une seule chaire universitaire de médecine générale en France. Je doute qu’il y en ait beaucoup plus aujourd’hui. Aujourd’hui encore, les enseignants de faculté (pour leur immense majorité des spécialistes) dénigrent ouvertement la médecine générale auprès des étudiants, dissuadant certains d’exercer cette spécialité, et décourageant les autres.
Il faut par ailleurs rappeler qu'en France, la hiérarchie sociale archaïque qui place les médecins au-dessus de, et leur donne autorité sur, les autres professionnels de santé, compromet toute coopération ou collaboration constructive - comme l'illustrent par exemple la difficulté pour les sages-femmes de faire reconnaître leur compétence professionnelle et leur indépendance vis-à-vis des obstétriciens, revendications pourtant déjà réalisées dans de nombreux pays développés.
Les facultés de
médecine transmettent encore trop d’informations datées, scientifiquement non
valides ou jamais contestées (de la contraception à la prévention des maladies cardio-vasculaires) et prodiguent un enseignement encore beaucoup trop souvent centré sur
la prise de décision unilatérale des médecins. Même lorsque les cours sont de grande
qualité (et il y en a), l’enseignement informel délivré par les
« patrons » dans les services ne fait aucun cas des obligations
éthiques exigées d’un médecin dans la majorité des pays développés. Or, le "curriculum caché" (l'enseignement par l'exemple) est autrement plus efficace - et par conséquent durable - que l'enseignement théorique.
Malgré leur bonne volonté, beaucoup d’enseignants français (et aussi, parfois,
des doyens) qui voudraient délivrer un enseignement conforme aux valeurs éthiques internationales sont muselés par le ministère, par les commissions
pédagogiques de leur propre faculté et souvent par leurs collègues praticiens
universitaires.
Depuis le concours
d’entrée jusqu’à l’examen national classant, beaucoup d’étudiants souffrent – du
bachotage imposé, de la compétition insensée, de la hiérarchie, des bizutages
de toutes formes, du sexisme,
des inégalités économiques entre les étudiants, des préjugés envers tout ce qui n’est pas « conforme » - essayez donc d’être un.e
étudiant.e ou un.e interne ouvertement gai ou lesbienne dans un CHU français, ou
même d’être enceinte…
Ces comportements –
non sanctionnés, parfois même encouragés ou affichés par certains enseignants –
ne sont pas compatibles avec la formation de soignants professionnels compétents. Car lorsque les étudiants sont maltraités, insultés ou humiliés par leurs
enseignants ou se comportent ainsi entre eux, ils n’ont aucune raison de ne pas faire de même avec les patients qu’ils sont censés soigner. Les maltraitancesgynécologiques, particulièrement dénoncées en ce moment, ne sont donc que l’aspect
le mieux connu d’une « culture » qui diffuse dans tous les aspects de
l’enseignement et de l’exercice médical.
Malgré ce tableau sombre, il y a en France de
nombreux professionnels de santé, praticiens et enseignants de bonne volonté,
soucieux d’éthique et désireux de délivrer une formation humaniste, respectueuse de
toutes et de tous, et digne des aspirations rencontrées dans les facultés
hollandaise, suédoises, britanniques ou canadiennes. Il y a aussi des associations de patients ou d'usagers qui s'organisent pour identifier les professionnel.le.s de bonne volonté et dont le comportement est respectueux.
Grâce à ces individus et à ces groupes, les choses changent. Lentement, mais sûrement. S’ils voulaient bien
s’organiser, se donner la main, se passer le mot, constituer un réseau
transversal, trans-universitaire de résistance et de propositions, d’échange et
de partage, les choses changeraient un peu plus vite.
Quelles initiatives ces soignants de bonne
volonté prennent-ils dans leurs universités ou leurs institutions pour améliorer la
formation des professionnels, la communication entre soignants et patients, la
délivrance des soins. Quelles idées ont eu ces associations ou ces groupes pour améliorer les relations avec les professionnels ?
Si vous participez vous-même à de telles initiatives, ou
si vous connaissez des professionnel.le.s (sages-femmes, infirmier.e.s,
médecins), des étudiant.es, ou des associations de patients qui travaillent sur
les mêmes thèmes, dans le même sens que les deux symposiums cités au début de
cet article, faites passer le mot.
Agir, c'est d'abord sortir du silence et prendre la parole.
Agir, c'est d'abord sortir du silence et prendre la parole.
Comment vous, les professionnels, faites-vous entendre la voix des patients ? Qu'aimeriez-vous faire pour que la formation des soignants change ?
Et vous, patients, comment faites-vous entendre votre voix ? Comment aimeriez-vous changer la formation des soignants ?
Je serai heureux de publier vos témoignages.
Marc Zaffran/Martin
Winckler
Pour ce qui concerne la formation, un premier pas en avant consisterait à solliciter en beaucoup plus grand nombre dans les UFR de médecine des enseignants d'autres spécialités, en particulier de sciences humaines. Entré p1 il y a 3 ans après un autre cursus, j'étais sidéré de constater que les cours d'histoire de la médecine étaient dispensés uniquement par des médecins (qui plus est plutôt du genre vieux croûton réac), et qu'ils se résumaient pour l'essentiel à des anecdotes inintéressantes sur la vie des grands hommes. La question du corps est pourtant largement investie par les historiens depuis maintenant des décennies !
RépondreSupprimerIl me semble que des historiens, des sociologues, juristes ou encore des philosophes seraient infiniment plus qualifiés pour amener les étudiants à se questionner sur le pouvoir médical, l'asymétrie de la relation, etc.
Cela rejoint d'ailleurs à mon sens une nécessité plus globale : mettre fin à l'entre soi des médecins et soignants pour l'évaluation de leurs pratiques. Personne ne songerait plus à laisser un corps d'ingénieurs décider seul de l'aménagement de nos routes. Nos corps valent plus encore que nos routes !
Merci de cette approche à faire participer impérativement à nos étudiants. En même temps, coté représentant des patients, le fonctionnement est tout aussi pyramidal : rappelons-nous le représentant du CISS ("officiellement" représentant les patients) qui accusait les médecins d'acheter des légos à leurs enfants et des sac Vuitton à leurs femmes avec leur supplément d'honoraires. Ce n'est pas facilitant pour travailler de concert. Mais on y arrivera
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerIl n'est pas faux de dire que les patients, en France, ne sont pas intégrés dans le processus décisionnel et nous nous en plaignons constamment. L'information partagée en est à ses prémisses et les autres techniques, belles en théorie, sont souvent dévoyées comme la pseudo éducation thérapeutique qui est souvent le moyen d'imposer une conduite type et non de permettre aux patients de vivre leur maladie, l'entretien motivationnel qui est une autre façon de faire passer le message de dominant à dominé...
Mais ce qui me gêne dans votre discours c'est votre empathie pour le monde anglo-saxon et sa médecine (nous avons l'habitude de penser que les articles sont souvent magnifiques et que les pratiques sont trop souvent douteuses) alors que la médecine nord-américaine états-unienne est fondée sur l'argent, dépense des fortunes, avec des résultats sur les indicateurs de santé catastrophiques... Le story telling anglo-saxon, celui des Armes de Destruction Massive à la tribune de l'ONU, domine en médecine et peut faire passer des vessies pour des lanternes.
Je ne crois pas à une malédiction française et suis certain que le poids de big pharma est aussi important "chez" nous qu'ailleurs mais les pays anglosaxons ne sont pas les modèles que vous sembles révérer.
Bonne journée.
Oui, les Etats-Unis sont un pays massivement fondé sur l'argent, mais la médecine anglo-saxonne n'est pas purement étasunienne. Les Britanniques, les Australiens, les Canadiens, les Néo-Zélandais sont extrêmement critiques des excès observés en Amérique. Et là-bas aussi, une partie de la communauté scientifique (et médicale) offre une résistance importante à l'influence de Big Pharma (ce que peu de médecins français font, et pas de manière organisée) et aux ukases des "Sociétés savantes". Mon enthousiasme n'est pas un enthousiasme aveugle, mais précisément éclairé par les nombreux points de vue qui produisent une réflexion nuancée. De plus, les anglo-saxons ont la capacité d'écouter ce qui vient d'ailleurs et d'apprendre des autres -- ce qui n'est pas du tout le cas des Français. Ca ne veut pas dire que nous devons les imiter - les Québecois ne les imitent pas, ils ont une pensée bien à eux - mais trouver, sur des bases scientifiques et éthiques solides et saines, une pensée spécifique à la France. Encore faudrait-il s'y mettre collectivement, constructivement. C'est ce que je souhaite. Et la première chose constructive à faire c'est d'écouter tout le monde - les patients, mais aussi les médecins d'ailleurs qui écoutent les patients depuis longtemps.
SupprimerJ'ajouterai que les principales critiques faites contre la médecine anglo-saxonne... vient de ses propres membres. Quand on lit des remises en cause argumentées et chiffrées du dosage et du traitement du cholestérol, du dépistage du cancer du sein ou de la prostate, c'est presque toujours des anglo-saxons que ça vient. Quant au sujet qui nous intéresse ici - la parole des patients dans la relation-, je n'ai pas besoin de vous dire que depuis le temps que j'en parle publiquement, (dans Prescrire, au cours des années 80), j'ai reçu plus de critique des institutions médicales françaises que d'encouragements. Ici encore, je parle des institutions, non des individus. J'observe d'une part que le collège des gynécologues canadiens condamne vivement depuis plus de dix ans, dans les revues professionnelles, les examens gynécologiques sous AG sans consentement éclairé, mais que ce type de condamnation n'est jamais apparu - que je sache - dans les revues ou dans les déclarations publiques des représentants de la profession en France... C'est bien pour ça que les professionnels de bonne foi et de bonne volonté ont du mal à faire leur boulot : ils ne sont pas du tout soutenus dans leurs exigences par ceux-là qui prétendent les représenter -- et qui disent tout haut défendre les intérêts des patients...
SupprimerDommage que le lien vidéo pour le Professeur Vallancien soit mort. Pourriez-vous nous en donner un autre ?
RépondreSupprimerMerci par avance
C'est fait !
SupprimerUne amie est actuellement étudiante en médecine. Et elle me raconte.
RépondreSupprimerLa brutalité et le mépris avec lesquels sont traités ces étudiants est effarante ! Et cet apprentissage "au fer rouge" ne peut que retentir ensuite dans leurs pratiques avec les patients ...
Si elle a le courage et l'énergie de décrire ce qu'elle subit, sous pseudonyme, bien entendu, je le publierai ici sans hésitation.
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