vendredi 14 février 2020

Lettre d'une femme en colère à une gynécologue maltraitante

J'ai reçu aujourd'hui (14 février 2020) un message d'une internaute qui me dit ceci :

J'ai vécu hier, avec ma fille de 18 ans, une expérience violente avec une gynécologue qui nous a humiliées. J'ai dormi deux heures cette nuit, grâce à cette dame. Je vous copie le recommandé que je viens de lui envoyer ci-dessous.

Après avoir lu cette lettre, j'ai répondu en substance à ma correspondante  :

Merci de m'avoir écrit, je suis très touché par votre confiance et votre colère.
M'autoriseriez-vous à publier sur mon blog, "L'Ecole des soignant.e.s" votre lettre sous une forme anonymisée (je retirerais le prénom de votre fille et la ville où ça se déroule) ?
Je pense en effet que votre lettre est un modèle de ce qu'il faut écrire à un médecin maltraitant dans cette situation. Riposter est essentiel. 
Les personnes qui souffrent des mêmes maltraitances seraient, j'en suis sûr, heureuses de pouvoir s'inspirer de votre lettre pour riposter à leur tour.


Elle m'a répondu en acceptant. Je publie donc sa lettre ici. 
MW

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Docteur,
Vous avez reçu hier, pour sa toute première consultation gynécologique, ma fille âgée de 18 ans. Je suis extrêmement choquée de la façon dont vous l’avez traitée, ainsi que moi-même qui l’accompagnais. J’avais pourtant fait le choix de l’emmener à l’hôpital de XXX où, jusqu’à hier, et quel que soit le corps médical, toute ma famille a toujours été reçue avec professionnalisme et respect. C’était visiblement une grave erreur.

Après lui avoir posé quelques questions, et alors qu’il était visible qu’elle était très anxieuse, vous demandez son poids, à cela rien d’anormal. N’en étant pas certaine, vous l’envoyez se peser, et me faites la remarque, droit dans les yeux « Vous savez bien que cela va être le problème ».

Quel problème ? Plus de piles dans la balance ?
Non, votre problème était le suivant : 84 kgs pour 160 cms, ma fille est en surpoids, et je suis moi-même en obésité, ce qui n’a pas échappé à votre sagacité.

Vous vous êtes alors permis une leçon de morale stupéfiante à base de « il faut faire des efforts » et « il faut faire deux heures de sport par semaine » ou encore de « votre copain, il fait du sport, Oui ? Ben alors, faut en faire avec lui ! ».

Merci pour votre avis, que personne n’a sollicité, mais nous avons déjà diététicien et psychologue, là ma fille venait pour une consultation gynécologique, la première de sa vie, pas pour une humiliation pour son poids !!

Résultat : pas d’examen mais des insultes, des humiliations, une ordonnance pour une prise de sang et une pilule sans explication, ou à peine, et alors que ma fille se posait des questions sur d’autres contraceptions, vous lui avez juste dit « c’est trop tôt », zéro explication.

Bien sûr vous ne vous êtes pas privée de vérifier qu’elle a une vie sexuelle « depuis pas trop longtemps, hein ? » !!!! Ni de me regarder avec insistance « non, pas de cholestérol dans la famille, vous êtes sure, hein ? hummm…… »

Mais pour qui vous prenez vous ? Je suis outrée et scandalisée, ma fille est majeure et en couple depuis un an, ma fille est suivie par un médecin, vous ne nous connaissez pas. Nous venions pour une consultation gynécologique et non pour vos avis moraux ou anti gros dont nous nous fichons complètement.

Si hier j’ai été pétrifiée et n’ai rien pu répondre, me sauvant, honteuse et choquée devant une telle agression, dès la fin de cette parodie de consultation, si ma fille et moi avons passé une partie de la soirée à pleurer, de rage, de honte, je ne compte pas en rester là. L’hôpital recevra copie de ce courrier et j’attends des excuses et une réparation du préjudice.

Ma fille ne veut plus jamais voir de gynécologue, cette première expérience ayant viré au cauchemar et à la maltraitance. Quel dédommagement nous proposez-vous ?? Je vais personnellement demander à la sécurité sociale de réviser le remboursement de cette consultation, qui n’avait rien de gynécologique. Il est fort cynique que des cliniques privées luttent contre le fléau qu’est l’obésité, alors que dans le même temps l’hôpital public abrite des « praticiens » qui insultent et humilient les patients obèses ou en surpoids.

Je ne me salirai pas à vous expliquer les raisons de mon obésité, qui ne vous regardent pas, et je vous souhaite de ne jamais subir physiquement les conséquences de vos propos irrespectueux et humiliants.

Je ne vous salue pas mais attends fermement une réponse. 


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Vous avez été maltraitées par des professionnelles de santé ? 
Suivez l'exemple de cette femme. 
Consignez soigneusement par écrit ce qui s'est passé. 
Ecrivez à la personne qui vous a agressée pour lui décrire ce que vous avez ressenti du fait de son comportement et aussi, et surtout, pour dire votre colère. 
Faites savoir autour de vous ce qu'elles ou ils vous ont fait subir. 
Ne restez pas dans le silence, car le silence les protège. 
Ripostez. 

MW