Elle m'a envoyé un long texte énumérant les réflexions désagréables, méchantes ou simplement stupides qu'elle a déjà entendues à ce sujet. Il y en a beaucoup. Certaines ont été proférées par des professionnel.le.s de santé. Elles en disent long sur la personnalité de ceux qui les ont dites - et sur le respect qu'ils manifestent pour les choix de vie qui ne sont pas les leurs.
Je les publie ici. Accrochez-vous. MW
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“Si vous ne voulez plus avoir mal durant
vos règles, faites des enfants !”
“Si vous avez mal durant vos règles, c’est
parce que votre corps réclame une grossesse.”
“Vous auriez eu des enfants, vos syndromes
prémenstruels ne seraient pas si forts.”
“A force de prendre la pilule en continu,
vous allez devenir stérile.”
“Votre problème de poids est lié à votre
non-désir d’enfant. Faites un enfant, vous perdrez du poids”
A la pharmacie située en bas de mon
immeuble, j’avais 25 ans :
“Je ne peux pas vous vendre une seule
plaquette de pilule, c’est un lot de 3, ça ne s’est jamais vendu à l’unité.”
(Je suis alors allée dans une autre
pharmacie, située un plus loin, qui la vendait à l’unité.)
“Le stérilet que le Dr Sachs vous a
prescrit n’existe pas. Et puis un stérilet à votre âge… “
(Je suis retournée à l’autre pharmacie, un peu plus loin. Le UT380 existait bel et bien. Je suis ensuite toujours retournée à
l’autre pharmacie.)
Chez une gynécologue renommée en
banlieue parisienne. Cabinet situé dans mon nouveau quartier.
Lorsque je lui dit que je ne veux pas d’enfant. (J’avais 34 ans.)
- Les femmes comme vous, ça devrait se faire
soigner ! (en colère)
(Je lui réponds que je ne viens pas chez un
médecin pour être jugée ou je sors de la consultation immédiatement - elle se calme
un peu.)
- Vous ne voulez plus prendre la pilule,
vous ne voulez pas d’enfant et moi je refuse de poser des stérilets sur les nullipares. Je vous
prescris un anneau contraceptif.
- Je ne veux pas d’un anneau contraceptif,
je trouve le concept peu pratique et trop invasif. A ce moment la, est-ce que vous pouvez juste
renouveler ma prescription de pilule ?
- Moi, je vous prescris ce qui est bien pour
vous. C’est pas vous qui décidez ! (hausse le ton)
- Au contraire, jusqu’à preuve du contraire
c’est bien moi qui décide pour moi.
(Elle s’énerve à nouveau, m’insulte. Je
reste calme. Je prends mon sac et sors de son cabinet, sans payer. (1) Une fois arrivée au niveau de
la rue, j’essuie quelques larmes. Quelques jours après j’ai reçu un courrier
de sa part me demandant le règlement de la consultation. Jamais envoyé.)
“Si vous ne voulez-pas d’enfant c’est que
vous avez un problème avec votre mère. Il faut en parler à un psy… je vais
donner l’adresse d’un confrère.”
“Si vous ne voulez-pas d’enfant c’est parce
que votre mère ne vous a pas autorisée à être adulte et donc, à devenir mère à
votre tour. Vous n’êtes pas adulte, vous savez, vous êtes restée au stade adolescent.”
“Ah, vous ne voulez vraiment pas d’enfant
alors. Comment c’est possible ça ?”
“Et votre mari, il n’en veut pas non plus ?
Comment c’est possible ça ?”
“Et le mari, il en dit quoi lui de ne pas
être père ? Il est d’accord avec ça ? Et le jour où lui en veut vous faites
comment ? Vous divorcez ?”
“C’est le mari qui n’en veut pas c’est ça ?
Vous savez, à notre époque on n’obéit plus à son mari. Une pilule ça s’oublie.”
“Vous venez de vous séparer. C’est dommage,
vous auriez fondé une famille, il ne vous aurait pas quittée. Ah c’est vous qui
l’avez quitté. Un enfant consolide un couple, vous savez.”
“La pilule n’est pas responsable de votre
chute de libido. Le responsable c’est votre mari. Amusez-vous un peu, prenez un amant !
Faites pas cette tête la, vous n’avez pas d’enfant, ne me faites pas croire que
vous n’allez pas voir ailleurs de temps en temps !”
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(Don du Sang, durant l’entretien avec un
médecin.)
“Pas d’enfants ? Vous avez bien raison de
ne pas vous emmerder avec ça.”
“Pas d’enfant ? Je note, pas d’enfant.
Célibataire ? Mariée ? En couple ? En couple depuis combien de temps ? Dix ans, et vous êtes
fidèle. Sérieusement, même pas une fois ? Allez me la faites pas, jolie comme
vous êtes !"
(Regards insistants. Je lui réponds que son
attitude est très limite et pas professionnelle.)
"Bon je note quand même que vous êtes à
risque, si c’est pas vous, c’est lui…” (clin d’oeil)
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(Pendant un examen gynécologique)
“Que c’est beau un petit utérus. J’aime
bien avoir des patientes nullipares pour ça.”
(Durant la pose d’un DIU.)
“Mais non ça ne fait mal ! Heureusement que
vous n’avez pas eu d’enfant, vous n’auriez pas supporté la douleur de l’accouchement ! (il
rit)”
(Pendant un examen gynécologique)
“Vous voulez-un spéculum en plastique ?
Mais c’est pour les vierges ! Vous n’avez pas d’enfant, mais vous n’êtes pas vierge bon sang !
C’est pas possible ça ces doudouilles !”
“Et surtout avec le DIU, surtout surtout
pas d’anti-inflammatoire !”
“Vous savez, d’un point de purement
biologique, vous n’êtes pas une vraie femme.”
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“Des enfants ? Non ? Il serait temps de s’y mettre
à 25 ans !”
“Des enfants ? Non ? Il serait temps de s’y mettre
à 30 ans !”
“Des enfants ? Non ? Il serait temps de s’y mettre
à 35 ans !”
“Si vous voulez des enfants, il ne faut pas
trop attendre, vous avez déjà 3x ans”
“Et après votre IVG vous n’avez jamais eu
de désir d’enfant ? Ca s’est si mal passé que ça ?”
“C’est pas normal de ne pas vouloir
d’enfant vous savez. Je peux vous donner l’adresse d’un confrère qui peut vous aider.”
“C’est quoi cette manie des nullipares à
vouloir un stérilet ? Il faut arrêter l’internet. Pas d’enfant, pas de stérilet. C’est comme ça.”
“Bon. Vous être pleine de kystes ovariens.
La bonne nouvelle, comme vous ne voulez pas d’enfant, vous allez contente, c’est que
vous êtes certainement stérile.” (Le type était content de sa blague)
“Vous avez perdu 20 kilos, c’est très bien,
votre IMC est presque dans la norme. Il est temps d’enchaîner sur une grossesse, vous avez 35
ans quand même…”
“La stérilisation, vous savez, c’est
irréversible. Et si vous changiez d’avis ? Et si vous rencontriez quelqu’un d’autre ?”
“Ne pas vouloir d’enfant et gérer sa
contraception en conséquence, c’est une chose. La stérilisation, c’est trop extrême, trop
définitif. Ca ne laisse pas de place aux surprises de la vie.”
“Vous vous rendez compte à quel point ne
pas vouloir d’enfant est égoïste alors qu’il y a des femmes qui sont stériles ?”
“Et toujours pas de regret ?”
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(1) Quand un.e professionnel.le de santé vous insulte, vous traite mal verbalement ou vous maltraite physiquement, faites comme Laura : sortez sans payer. Un.e praticien.ne qui se comporte ainsi ne peut pas vous soigner de manière compétente et viole le code de déontologie. Son comportement le/la disqualifie et vous n'avez pas à payer, puisque le boulot n'est pas fait. (Non, il ou elle ne cherchera pas à vous retenir de force : ce serait une voie de faits, et vous pourriez porter plainte au tribunal de police. Et non, il ou elle ne peut pas non plus vous envoyer un huissier.) MW