mercredi 16 août 2017

Un obscurantisme désespérant

Un échange ordinaire avec une internaute, un jour d’août 2017, sur une des pages de ma chaîne Youtube.


Question :

Bonjour, j'ai 19 ans et suis sous optimizette depuis 1 an. J'ai pendant cette période pris une vingtaine de kilos sans pour autant je pense avoir changé mes habitudes plusieurs fois depuis le début de ma prise de poids j'ai consulté divers médecins qui m'ont assurés qu'il était IMPOSSIBLE que cette pilule soit la cause de ma prise de poids.

J'y ai cru pendant un moment et voyant mon poids augmenter de semaines en semaines j'ai décidé de passer au diu la gynécologue que j'ai consultée (pour la première fois) m'a fait très peur en me disant qu'elle faisait la pose chez des nullipares mais "qu'il ne faudrait pas se plaindre dans 5 ans quand vous serez stérile" en me citant de nombreux exemples d'amis et patientes qui avaient eu un problème de fertilité a cause du stérilet , je lui ait dit que j'avais un partenaire régulier et que peu de risques d'attraper des mst , elle m'a assuré que c'était le stérilet en lui même qui rendait stérile en frottant contre la paroi de l’utérus, mais également que mon utérus étant trop petit j'allais souffrir non seulement pendant la pose mais aussi tout le long du port de celui ci . j'ai insisté et elle a fini par me dire "eh ben elle le veut son stérilet la demoiselle" et a accepté de m'en prescrire un.

J'avoue que depuis j'angoisse et me demande si , mon utérus étant plus petit, il y a un risque de "frottement" sur mon utérus qui pourrait me rendre stérile. Pouvez vous me dire si dans votre pratique vous avez rencontré des cas de stérilité du au stérilet sans autre cause apparente ou si cette gynécologue a juste souhaitée me "démotiver". Merci beaucoup pour vos vidéos très instructives !!

Réponse :

On vous a menti deux fois. 

1° on peut prendre du poids avec optimizette, malheureusement. Tous les progestatifs peuvent entraîner une prise de poids chez certaines femmes,  car ils reproduisent l'état hormonal de la grossesse.

La liste des effets secondaires de Optimizette comporte d'ailleurs en toutes lettres la mention : prise de poids dans la rubrique "fréquent" (paragraphe 4)  - http://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr/affichageDoc.php?specid=67203730&typedoc=N


2° il n'y a pas d'inconvénient à porter un DIU quand on est nullipare. Il suffit de choisir un DIU de petite taille (et il en existait déjà au début des années 80, ce qui montre qu'on posait déjà des DIU aux femmes sans enfant). 

Voilà ce qu'en disait le Collège des Gynécologues en 2006 (p 65) : http://www.cngof.asso.fr/d_livres/2006_GM_059_serfaty.pdf


Ce qui montre que cette gynéco ne lit pas les recommandations de son propre collège. 

Les stérilités tubaires sont dues aux IST (en général : chlamydiae ou gonocoque) mais pas aux DIU. Donc, non, vous n'avez pas à avoir peur. Mais si elle ne vous l'a pas encore posé, allez vous le faire poser par quelqu'un d'autre (par une sage-femme, ou un médecin dans un Centre de planification : voici la liste de tous les centres de France. https://ivg.social-sante.gouv.fr/les-centres-de-planification.html)

Je regrette vivement que vous soyez si mal tombée à deux reprises. Merci de votre confiance. MW


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Des messages comme celui qui précède, je ne sais pas combien j’en ai reçu. Les mêmes mensonges, le même terrorisme. Cette fois-ci, par curiosité, je suis retourné regarder dans la rubrique Questions-Réponses du site MartinWinckler.com (créé en 2003).


Bonjour,
Je vous écris (en désespoir de cause), parce que je ne supporte pas la pilule ; combinée ou uniquement progestative, je les ai toutes essayées de la plus forte à la micro (micro val et cérazette pour les micro). Toutes me donnent des migraines, maux de jambes, irritabilité. Les gynécologues que j’ai vu l’admettent avec beaucoup de difficulté car les pilules progestatives ne sont pas censées provoquer ce genre de troubles (bien que ce soit écrit dans les effets indésirables de toutes ces pilules). 
Et, ils refusent catégoriquement la pose d’un stérilet, uniquement parce que je n’ai jamais eu d’enfant, ni avorté (j’ai 25 ans). Je viens de lire dans le 
Quiz (et je savais déjà que ça se pratique dans d’autres pays européens) que cette interdiction était un préjugé. Alors, existe-t-il des gynécologues qui pratiquent la pose du stérilet, en France à Paris si possible, pour les femmes n’ayant jamais eu d’enfant ? si oui pouvez vous me donner des noms ? Et s’il n’en existe pas en France, je peux aussi me déplacer en Suisse ou en Belgique ! 
J’attends avec beaucoup d’impatience votre réponse, merci déjà pour les informations recueillies sur votre site ! J’ai déjà exploré pas mal internet à ce sujet, je suis contente de trouver là autre chose que des discours qui semblent prémâchés par les dossiers marketting et études pseudo scientifiques des laboratoires pharmaceutiques.. 
E.

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Il est désespérant de constater que certain.e.s « professionnel.le.s » n’ont pas évolué depuis 14 ans. On pourrait rire de leur obscurantisme si celui-ci n’était pas aussi lourd de conséquence pour les femmes qu’elles « soignent ». 

MW 







jeudi 10 août 2017

Effets secondaires des médicaments : les médecins devraient TOUJOURS croire les patient.e.s

Cet article publié le lundi 15 mai 2017 avait disparu du blog. Mais sur l'internet, on retrouve toujours tout. Je le republie donc (avec l'échange de courriels qui le suivait). 


Les premières fois que j’ai entendu décrire les effets secondaires des contraceptions hormonales c’était… en fac de médecine. En 1975 ou 1976.

En cours de pharmacologie, pas en cours de gynéco.

Les pharmacologues attiraient l’attention des étudiants sur les effets « systémiques »  (sur d'autres organes que les organes sexuels) de la pilule. Nous savions (c’était écrit noir sur blanc dans le poly et dans les livres) que les contraceptifs oraux provoquaient parfois des phlébites ou des embolies pulmonaires mais aussi des douleurs des seins, une prise de poids, de l’acné et de la séborrhée, des modifications de l’humeur, des syndromes dépressifs…

On nous avertissait aussi sur les interactions entre contraception hormonale et autres médicaments(antituberculeux, antiépileptiques, certains antibiotiques).

(A noter que la fausse interaction entre stérilet et antiinflammatoiresn’était/n’est pas colportée par les pharmacologues, mais par certains médecins et pharmaciens.)

L’une des premières patientes dont j’ai eu à m’occuper s’était retrouvée enceinte parce que le pneumologue qui lui avait prescrit de la rifampicine pour une tuberculose n’avait pas jugé bon de lui dire que cela inactiverait sa pilule. Je pense qu’il n’avait même pas dû lui demander si elle prenait la pilule. Pourtant, ça aurait été logique de lui poser la question : elle avait été enceinte quelques semaines plus tôt , alors qu’elle prenait un autre traitement antituberculeux (l’isoniazide) et elle avait été obligée d’avorter, car l’isoniazide est tératogène.
Ce pneumologue aurait su tout ça s’il avait tout simplement écouté l’histoire de cette femme…


C’était en 1977. Quarante ans plus tard, ça n’a pas changé.

Un certain nombre de médecins continuent à ne pas écouter les femmes qui disent n’avoir plus de libido sous pilule ou avec un implant ou avec un DIU Mirena – alors même que cet effet est connu ET INSCRIT EN TOUTES LETTRES DANS LES NOTICES !!!!

Et certains médecins au moins connaissaient les effets secondaires du Mirena et croyaient les patientes  il y a... onze ans. 


Un certain nombre de médecins (et le fabriquant) continuent à ne pas croire les femmes qui disent souffrir de symptômes très pénibles (douleurs, saignements et autres) après l’implantation d’un dispositif ESSURE, alors que ce dispositif contient du Nickel et que les ALLERGIES AU NICKEL SONT LES PLUS FREQUENTES DANS LA POPULATION !

Ces derniers jours, sur la page FB du CNGOG (Collège national des GynObs), on continue à écrire que « les réseaux sociaux se sont fait une spécialité de dénigrer les gynécologues.  ». https://twitter.com/PresqueRire/status/863779692314329088

Les pauvres ! On compatit de les savoir si marris de se sentir ainsi "accusés". Cependant, quand ils ne donnent pas les informations et nient ce que les femmes ressentent, il ne s'agit pas d'accusations, mais de reproches fondés...

Et puis, s’il n’y avait pas les réseaux sociaux, les plaintes de beaucoup de femmes resteraient non seulement isolées mais elles seraient complètement passées sous silence. Et un trop grand nombre de médecins continueraient à les balayer d’un revers de main avec des arguments du type « C’est dans votre tête ».

Il est donc temps de le dire et de le répéter clairement (et je m’adresse ici seulement aux médecins qui ne le sauraient pas encore, pas à « tous-les-médecins ») :

Quand un.e patient.e invoque un effet secondaire, un médecin devrait TOUJOURS le ou la croire. TOUJOURS.

En effet, ne pas croire ce que dit un patient est inacceptabled’un point de vue éthique (j’ai détaillé ici le raisonnement à l’appui de cette affirmation).

Dans le cas d’un effet secondaire, ce n'est pas seulement une obligation éthique, c'est une obligation professionnelle et légale. Voici pourquoi. 

1Les patient.e.s sont les premières personnes concernées et menacées par les effets secondaires des médicaments. Les médecins, eux, ne risquent rien.

Les effets indésirables, les patients les subissent (au minimum) au point d’en être très gênés ou (au maximum) jusqu’à en perdre la vie ou encore (entre les deux) à se retrouver handicapés durablement.

Un effet secondaire gênant est nuisible.
« D’abord ne pas nuire » est un principe éthique vieux comme la médecine hippocratique.
Par conséquent, aucun médecin ne peut réfuter un effet indésirable, même s'il n'en a pas connaissance. (Malheureusement, trop de médecins pensent que ce qu'ils ne connaissent pas n'existe pas...) 

Quand bien même cet effet secondaire serait-il « psychologique » (effet nocebo), il n’est pas acceptable de laisser un patient en souffrir. Puisque le rôle du médecin est de soigner. Pas de provoquer (ou de laisser se pérenniser) un effet nocebo !

Par conséquent, toute mention par un.e patient.e d’un effet secondaire (ou, du moins, d’un symptôme associé contemporain, ou consécutif à la prise d’un médicament) doit être non seulement toujours prise au sérieux par le médecin mais aussi conduire celui-ci à proposer immédiatement une modification de traitement (voir plus loin). 

Ajoutons qu'ici, un médecin fait toujours courir moins de risque à un.e patient.e en la croyant qu'en ne la croyant pas. 


En effet, imposer la poursuite d'un traitement mal toléré, c’est au moins pénible, au pire dangereux pour le patient. Changer de traitement (il est rare qu’un traitement soit unique) et passer à un autre, c’est le plus souvent sans danger pour le patient, et c'est indolore pour le médecin. Alors, pourquoi s'en priver ? Par sadisme ? 

2. Les patient.e.s sont les personnes les mieux placées pour dépister les effets secondaires.

Ben oui : c’est dans leur corps que ça se passe. Le médecin peut à la rigueur constater une éruption ou une réaction allergique (si elle se voit) mais il ne peut pas constater un mal de tête, des brulures d’estomac, une diminution de la libido, un vertige, des démangeaisons, des douleurs abdominales, des palpitations, etc. Il est obligé de croire un patient sur parole. Et s'il ne le faisait pas, il ne ferait jamais le moindre diagnostic. 

C’est d’ailleurs en croyant les individus que le fabricant détecte les effets secondaires les plus fréquents : on enrôle des volontaires, on leur donne le médicament, et on les interroge régulièrement sur les effets qu’ils ressentent. Si l’effet est visible (éruption sur la peau, chute de cheveux, acné) on le note. S’il ne l’est pas, on le note aussi car quand quelqu'un dit « J’ai eu mal à l’estomac » ou « J’ai eu mal à la tête » on ne lui fait pas une fibroscopie, ou un scanner, ON LE CROIT !!! Ensuite, quand on rédige la notice du produit, on indique (en principe) tout, avec la fréquence observée chez les personnes ayant reçu le traitement pendant cette phase d’évaluation. 

De plus, parmi les patients d'un médecin, il y a (proportionnellement) plus de personnes ayant des effets secondaires que dans la population générale : Car, par définition, les personnes qui n'ont pas d'effet indésirable ne consultent pas.De sorte que nos confrères devraient savoir que parmi les personnes qui consultent, beaucoup le font pour un symptôme inhabituel, donc pour un effet indésirable potentiel. Il est donc statistiquement inacceptable de leur part de rejeter l'existence d'un effet indésirable chez une personne qui consulte, car elle fait partie d'un groupe auto-sélectionné ("Je prends un médicament et j'ai un symptôme inhabituel"), et non d'une personne "prise au hasard" ou qui perd la tête. 
Le simple fait qu'une personne consulte impose qu'on la prenne au sérieux !!! 


3. Les effets secondaires d’un médicament ne sont pas toujours connus ou identifiés avant sa mise sur le marché. Par conséquent, quand un médecin observe un effet (encore) inconnu, IL DOIT le déclarer !!! (Et, de toute manière, la déclaration des effets indésirables est obligatoire !) 


Pourquoi ne connaît-on pas toujours certains effets indésirables d’un médicament ?

A.     Le fabriquant les connaît mais ne les a pas signalés aux prescripteurs (ou alors en toute petite note de bas de page).

C’est une éventualité fréquente. Les industriels ont tendance à ne pas publier les résultats d’essais qui leur sont défavorables, et à ne pas trop insister sur les effets secondaires graves, en particulier ; voire à les cacher ou à les nier le plus longtemps possible. Quelques exemples :  Thalidomide, Distilbène, Vioxx, Médiator…  

En un sens, quand un médecin réfute un effet secondaire qu'il ne connaît pas, il se fait potentiellement le complice du fabriquant qui l'a peut-être caché, ou ne tient pas à ce que cet effet soit connu... 

B.     Même quand un fabriquant est loyal, il arrive qu’un effet secondaire soit trop peu fréquent pour avoir été identifié lors des essais de tolérance.

Une étude américaine récente rapporte qu’un tiers des médicaments mis sur le marché aux Etats-Unis se sont révélés avoir des effets secondaires non décrits par le fabricant, et ce dans un délai moyen de 4 ans !!!

C.     Certains effets peuvent n’être constatés que chez certaines personnes et pas d’autres !

Je vous renvoie au livre de Peggy Sastre, Le sexe des maladies qui révèle que la plupart des médicaments ne sont testés que chez les hommes, pas chez les femmes, et que les effets toxiques sont par conséquent souvent inconnus chez ces dernières…

Et ce qui est vrai entre les deux sexes l’est aussi d’un groupe ethnique à un autre ! Un médicament testé chez des hommes blancs peut avoir une efficacité (et des effets indésirables) différents chez des hommes d’origine africaine ou asiatique…



4° Croire ce que dit le/la patiente, pour le médecin, c’est seulement la première étape !!!

En effet, une personne peut présenter un symptôme et l’attribuer à un médicament sans pour autant qu’il y ait relation de cause à effet. C’est ce qu’on appelle « l’imputabilité », en médecine. Si vous avez de la fièvre et une toux, ça ne veut pas nécessairement dire que les deux sont liés. C’est très possible, mais ça n’est pas certain. Pour l’affirmer, il faut se pencher sur le problème de très près et l’examiner soigneusement. (Quand on ne le fait pas, on étiquette tous les enfants ayant maux de ventre et diarrhée comme souffrant de gastroentérite, et on passe à côté des appendicites.) 

Autrement dit : les symptômes invoqués par un patient ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Le médecin ne doit ni les rejeter, ni en rester là. 

S’il ne vous croit pas, il ne fait pas son boulot.

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Conclusion : que doit faire un médecin quand un patient se plaint d’un effet indésirable ?

A Lui demander de le lui décrire le plus précisément possible et rechercher si cet effet est décrit dans les notices (parfois, les notices accessibles aux médecins sont plus détaillées que celles dont disposent les patients). 

Que l’effet secondaire soit connu ou inconnu, il doit le déclarer(aujourd’hui, ça se fait en ligne, c’est rapide et facile.)

B Le médecin doit expliquer au patient à quoi l’effet indésirable est dû, s’il est durable ou non, s’il est inquiétant ou non

Même si l’effet indésirable n’est pas menaçant, il doit proposer immédiatement au patient de changer de traitement.

Je dis « proposer » car certains effets indésirables sont parfois tolérés par certain.e.s patient.e.s une fois qu’on les a rassuré.e.s sur leur innocuité.

Je pense en particulier à l’arrêt des règles ou aux saignements intermittents avec un Mirena. Certaines femmes ne les tolèrent pas. D’autres les acceptent parce que ça leur semble un inconvénient mineur par rapport aux bénéfices premiers. C'est leur appréciation qui compte, leur perception et leur confort. Pas ceux du médecin... 

Parfois, le remplacement du traitement incriminé est indispensable pour apporter des informations complémentaires. Dans le cas, par exemple, de la baisse de libido avec un Mirena, le fait de lui substituer un DIU au cuivre (non hormonal) permet très vite (en deux à trois semaines) de confirmer si le symptôme était dû aux hormones. S'il ne l'est pas, l'utilisatrice a quand même une contraception, et on peut chercher une autre cause à cette baisse de libido... 

Ce qui est vrai pour un vêtement qui ne vous va pas ou qui n’est pas confortable, et que vous iriez échanger à la boutique, ça l’est encore plus avec un médicament !!!!

Alors, patientes et patients, continuez à poster sur les blogs et les réseaux sociaux. C'est seulement comme ça que ça fera changer les choses. Comme me le rappelle justement La coupe d'Hygie, "La première notice de médicament mise dans les boîtes a concerné les pilules après une mobilisation des féministes. Dans les années 60, elles se plaignaient de ne pas être écoutées et de ne pas avoir d'information sur le bénéfice et les risques."

Oui, décidément, certaines choses n'ont pas changé... 

Martin Winckler (Dr Marc Zaffran)


PS : Une lectrice me suggère de parler du Valproate. C'est très judicieux. Voilà un médicament dont un effet secondaire GRAVE était connu (les effets toxiques sur l'embryon et le foetus) et que de nombreux médecins ont TOUT DE MEME prescrit à des femmes sans se préoccuper de savoir si elles étaient ou allaient être enceintes. (Non, elles ne l'ont pas prise toutes seules, sans prescription...) 


(Note aux pharmacologues, centres de pharmacovigilance, médecins et pharmaciens et internautes non professionnels de santé : si vous identifiez ici des manques ou des erreurs factuelles, ou si vous désirez ajouter des compléments merci de me les signaler à ecoledessoignants@gmail.com ; je les intègrerai à ce billet.)  


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Quiz

Les effets secondaires du Mirena (prise de poids, chute de cheveux, perte de libido, acné, saignement intermittents ou au contraire, arrêt des règles) sont connus et indiqués sur la notice. Ils sont fréquents (jusqu’à 10% des utilisatrices). Pourtant, un certain nombre de médecins ne croient pas les patientes. 

A votre avis, ces médecins-là : 

A.     ne savent pas lire
B.     ne croient que ce qu’ils voient
C.     ont des préjugés sexistes
D.    s’en foutent
E.     sont incompétents
F.     toutes les réponses ci-dessus


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3 commentaires:

  1. Réponse F clairement, avec E en premier dans la liste.
    Répondre
  2. Bonjour,
    Je suis un médecin généraliste qui croit ses patientes! Et hier encore j'ai rassuré et écoutée une patiente et lui ai proposé d'autres moyens de contraception , elle réfléchit et ce n'est pas sur qu'elle ôte son stérilet.
    Je ne reçois aucun labo , je lis Prescrire.
    Et je suis une patiente aussi. Heureuse de son stérilet Mirena et qui serait absolument contrariée si le Mirena devait être retiré du marché! Que les effets secondaires existent nul ne le nie! Mais que la contraception soit une avancée, qu'il puisse exister plusieurs méthodes aux effets secondaires variés ( à choisir par la patiente après information ou après quelques mois d'essais ) cela reste essentiel.
    J'ai juste peur qu'on nous vole notre contraception ! Tous les médicaments ont des effets secondaires , mais avoir 10 enfants non désirés ou faire l'amour en ayant peur de tomber enceinte me semble des effets secondaires plus importants encore.
    Oui , il faut croire les patientes mais il faut défendre la contraception!
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    Réponses


    1. Chère Anonyme, Il n'est pas question de faire interdire le Mirena, qui apporte plus de bénéfices que de problèmes. Il est question de PREVENIR les femmes qui pourraient avoir des effets secondaires afin qu'elles soient averties et de CROIRE les femmes qui invoquent les effets secondaires au lieu de les renvoyer dans leurs foyers en disant "c'est dans la tête". Il est aussi question de ne pas POSER SYSTEMATIQUEMENT un Mirena en disant "c'est mieux" à toutes les femmes qui demandent un DIU, mais de leur donner le choix entre DIU au cuivre et SIU (Mirena). Dans mon expérience de généraliste qui défend la contraception depuis 1983 (et qui ai, je vous le rappelle, publié le premier livre grand public sur le sujet, en 2001), les femmes à qui on donne les informations choisissent des méthodes dont elles acceptent les effets secondaires ; les femmes à qui on donne l'occasion de parler des effets secondaires et de changer de méthode sont plus satisfaites que celles à qui on leur impose une méthode. Et enfin, les femmes qui sont écoutées et respectées vont mieux que celles qu'on ne respecte pas. Défendre la contraception, ça commence par traiter les femmes en adultes, et non en inconscientes qui se plaignent de symptômes "imaginaires". Or, c'est de ça qu'il est question, et que beaucoup de médecins infligent à leurs patientes. Lutter contre les médecins qui n'ont pas ces attentions, ça n'est pas lutter contre la contraception, mais pour une prescription de qualité. Très amicalement.