mardi 3 décembre 2024

Du serment à l’engagement (Pour en finir avec le "serment d'Hippocrate") --- Marc Zaffran, M.D., M.A./Martin Winckler




(Université de Sherbrooke, Québec, 2015 : Devant près de 500 invités, 102 finissantes et finissants en médecine ont prononcé leur serment professionnel.) 


Une revue universitaire qui préparait un numéro spécial sur le serment d'Hippocrate m'a demandé un texte exprimant mon sentiment sur la nécessité (ou non) de faire prêter serment aux futur·e·s praticien·ne·s. 

J'ai écrit un texte, mais le comité de rédaction de la revue l'a rejeté -- il n'était "pas assez universitaire", semble-t-il. 

Je me suis alors demandé pourquoi on m'avait demandé ce texte, alors même que je n'ai jamais prétendu écrire de manière "universitaire". Mais bon, c'est pas grave. Un texte n'est jamais perdu. Le voici. 

MW 


Il y a beaucoup à dire sur le serment d’Hippocrate, sur son historicité problématique, sur son inadéquation au monde moderne, sur sa récupération par les idéologies dominant en Occident, sur l’ombre dans laquelle il maintient d’autres discours éthiques. 

Et je suis heureux qu’on ait écrit et énoncé d’autres serments, plus appropriés au monde d’aujourd’hui. Cette réécriture était nécessaire, car les valeurs éthiques ont changé et les conditions d’exercice ne cessent de le faire. Et ce qui a le plus changé, c’est la relation entre professionnel·le·s et personnes soignées.

 

Depuis le Code de Nuremberg en 1947, il n’est en principe plus question de faire le moindre geste médical sans consentement éclairé de la personne à qui ce geste est destiné. Il s’en faut cependant de beaucoup que ce code — ou d’ailleurs le Code de déontologie des médecins français — soit respecté par tou·te·s les praticien·ne·s français.e.s. 


Un serment d'Hippocrate très problématique


Le serment d’Hippocrate, qui date de deux millénaires, est une série d’interdits et d’obligations. Toutes n’avaient pas la même valeur, mais elles avaient d’une part pour but de prévenir les abus de pouvoir que les médecins pouvaient exercer — depuis la trahison des secrets de famille jusqu’aux abus sexuels. D’autre part, de prévenir le viol des valeurs de l’époque (ou, au moins, de ses rédacteurs...)

 

On peut trouver très problématique, dans les versions anciennes de ce serment, l’obligation faite aux médecins de placer leurs « maîtres » au plus haut de leurs priorités — au même rang que leurs parents. 


Lorsqu’il stipule : « Je considérerai ses enfants comme mes frères et s'ils veulent étudier la médecine, je la leur enseignerai sans salaire ni engagement. Je transmettrai les préceptes, les explications et les autre parties de l'enseignement à mes enfants, à ceux de mon Maître, aux élèves inscrits et ayant prêtés serment suivant la loi médicale, mais à nul autre », il considère le savoir médical comme la propriété des médecins et de leur famille. Le savoir appartient à tou·te·s, et le savoir médical comme d’autres, mais, pour le texte hippocratique, c’est encore un savoir réservé.

 

Quand on le fait entonner par des jeunes gens, se souvient-on, par ailleurs, que lorsque le texte grec dit (à peu près) « Je pourvoirai aux besoins de mon maître », cela veut certes dire que l’étudiant s’engage à entretenir financièrement son maître — ce qui n’est déjà pas rien —, mais que c’est aussi l’expression d’une société où la sollicitation (si ce n’est l’exploitation) sexuelle des jeunes hommes par des hommes plus âgés était une coutume très répandue ? 

Ce qui semblait « normal » alors ne l’est plus du tout aujourd’hui. Il serait bon de s'en souvenir. 

 

D’autre part, lorsque le serment interdit de « remettre un pessaire abortif à une femme », cela ne signifie nullement que les rédacteurs du serment sont opposés à l’avortement : les techniques d'avortement sont décrites en détail dans les textes hippocratiques. Cela signifie plus probablement qu’on ne doit pas le remettre à une femme qui a décidé seule d’avorter. A son mari, en revanche, on peut remettre un pessaire abortif, s’il le demande...

 

Enfin, aujourd'hui, « Jamais je ne remettrai du poison » est obsolète, et source de confusion et d’ambiguïté. Il y a tant de médicaments qui sont, de fait, toxiques. Les accidents et décès médicamenteux sont légion, parce que, précisément, les médecins ne les prescrivent pas toujours à bon escient. 


Un rite d'entrée dans un club privé 

 

Un autre aspect du serment me semble encore plus problématique : c’est un rite d’entrée dans un club privé, une société secrète. Pour ne pas dire dans une secte.

 

En 2500 ans, le rôle, le statut, la fonction et la relation des médecins aux personnes soignées a beaucoup changé. A l’époque où les Pythagoriciens rédigèrent le serment d’Hippocrate, l’exercice médical ressemblait beaucoup — car c’en était la dérivée — à une fonction chamanique : celle d’un intermédiaire entre l’au-delà et le commun des mortels. Le médecin, pensait-on, savait et comprenait mieux que quiconque. 


Et, de ce fait, il était doté d’une autorité morale supérieure à celle des autres humains. Cela justifiait n’importe quelle décision de sa part : traiter ou ne pas traiter ; soigner une personne plutôt qu’une autre ; et, lorsque l’Église catholique s’en est mêlée, juger, condamner et mentir. L’idée de la « vocation » médicale a ainsi été longtemps intimement liée à celle du « service de Dieu » qui conduisait des hommes ou des femmes à entrer dans les ordres. (Rappelons qu’en France, les médecins ont été formés par l’Église jusqu’à la Révolution.)


Cette dimension de groupe fermé, exclusif, sectaire, est fâcheusement illustrée par la sempiternelle « obligation » ( ?) de confraternité, qui favorise encore le népotisme et la collusion  — ou, plus souvent encore, une inaction proprement confondante devant les méfaits commis par des médecins.


On en a vu très récemment des exemples caricaturaux avec l’affaire Daraï, où un grand patron de gynécologie mis en examen pour agressions sexuelles continue d’exercer sans avoir été suspendu par l’Ordre des médecins ; ou encore avec l’affaire de cet étudiant en médecine de Tours, condamné à deux reprises pour viol par les tribunaux, mais qui a été exfiltré vers une autre faculté de médecine (Limoges) où il est étudiant... dans un service de gynécologie ( !) et prépare tranquillement les examens nationaux classants qui lui permettront de devenir interne dans un hôpital dès 2025.

 

Mais pourquoi en irait-il autrement ?


Devenir médecin, ce n’est pas seulement suivre un formation longue et difficile ou acquérir des connaissances et des compétences importantes. C’est aussi (et parfois, surtout) être investi d’un statut social et économique et de prérogatives considérables. C’est se joindre à un groupe de grand·e·s privilégié·e·s, qui disposent d’une influence personnelle, économique, politique et morale considérable.  


A ce titre, beaucoup de praticien·ne·s se sentent non seulement peu soucieux·se·s des personnes qu’iels vont être amené·e·s à soigner, mais aussi peu concerné·e·s par les lois, et encore moins par l’éthique. Car rien dans leur formation ne leur enseigne que ces privilèges exorbitants s’accompagnent d’obligations strictes. On ne devient pas médecin pour en tirer profit aux dépens des personnes soignées, mais pour servir la population.

 

On prête serment juste après avoir soutenu sa thèse, au cours de la même séance, devant ses « maîtres ». En associant ainsi le serment à la reconnaissance de la compétence médicale, la validation professionnelle se transforme insensiblement en rite d’entrée dans une corporation.

 

Et si les futur·e·s médecins et médeciennes prêtaient serment aux personnes soignées ?


Qu’en serait-il si ce serment était un engagement solennel délivré en public, à un moment spécifique, indépendant de la soutenance de thèse ?


Imaginons un texte d’engagement éthique, que les étudiant·e·s liraient, commenteraient et dont iels débattraient au début de chaque année d’études, en groupes de parole obligatoires, avec des aînés mais aussi avec des patient·e·s partenaires, afin de ne jamais perdre de vue leur obligation de servir les personnes. 


Imaginons qu’à l’issue de leur formation, les médecins et médeciennes récemment diplômées soient réunies lors d’une grande cérémonie publique face à un jury de volontaires de tous âges, de toutes origines, de toutes conditions, qui seraient témoin de l’engagement des futur·e·s praticien·ne·s.


Cette cérémonie d’engagement serait aussi ritualisée que la soutenance de thèse.

 

(Ce que je partage avec vous ici est une proposition, un prototype. Mon souhait est que cette proposition circule, soit discutée, reformulée, complétée, précisée par et pour le plus grand nombre.)



Une proposition de serment 


Un·e praticien·ne qui vient de soutenir sa thèse se présente devant le jury public. 


L’un·e des membres du jury se lève et dit :


« — Je suis [nom du/de la juré·e] : j’ai ou j’aurai un jour besoin de soins, et je suis ton égal·e. 

Avant que je te choisisse pour me soigner, dis-moi qui tu es.


— Je suis [nom du/de la candidat·e] et je suis ton égal·e. 

Si tu me choisis pour te soigner, ton choix m’honore et m’engage.


— A quoi t’engages-tu [nom du/de la candidat·e] ? 


— Je m’engage à te soigner au mieux, physiquement, moralement et émotionnellement, à mettre en œuvre mon savoir, mon savoir-faire, mon intelligence et mon humanité en prenant garde, en tout temps, à ne pas te nuire. 


Je m’engage à respecter ta personne dans toutes ses dimensions, quels que soient ton âge, ton genre, tes origines, ta situation sociale ou juridique, ta culture, tes valeurs, tes croyances, tes pratiques, tes préférences.


Je m’engage à être confident·e et témoin attentif·ve de tes plaintes, tes craintes et tes espoirs sans jamais les disqualifier, les minimiser, les travestir, ou les divulguer sans ton accord.


Je m’engage à ne jamais utiliser ce que je sais de toi à mon profit et à ne jamais les retourner contre toi. Je m’engage à ne pas te soumettre à des interrogatoires inquisiteurs et à ne jamais te bâillonner.  


Je m’engage à partager avec toi, sans réserve et sans brutalité, toutes les informations dont tu as besoin pour comprendre ce qui t’arrive et pour faire face à ce qui pourrait t’arriver. A répondre patiemment, précisément, clairement, sincèrement et sans restriction à toutes tes questions. A ne jamais te laisser dans le silence, à ne pas te maintenir dans l’ignorance, à ne pas te mentir. A ne jamais te tromper, ni sur mes compétences ni sur mes limites.  


Je m’engage à te soutenir dans tes décisions, à ne jamais entraver ta liberté par la menace, le chantage, le mépris, la manipulation, le reproche, la culpabilisation, la honte, la séduction. A ne jamais faire usage de mon statut pour abuser de toi, ou de quiconque.  


Je m’engage à me tenir à tes côtés et à t’assister face à la maladie et à toutes les personnes qui pourraient profiter de ton état. Je serai pour toi avocat·e, interprète et porte-parole. Je ne m’exprimerai en ton nom si tu en fais la demande, mais je ne parlerai jamais à ta place.


Je m’engage à respecter et à faire respecter les lois qui te protègent, à lutter avec toi contre les injustices qui compromettent ton libre accès aux soins. Je m’engage à me tenir à jour des connaissances scientifiques et des savoir-faire libérateurs ; à dénoncer tous les obscurantismes ; à te protéger des marchands qui veulent exploiter ton état.


Je m’engage à traiter avec le même respect toutes les personnes qui te soignent, et à travailler de concert avec elles, quels que soient leur statut, leur formation et leur mode d’exercice. Je m’engage à défendre solidairement mes conditions de travail et celles des autres soignant·e·s.


Je m’engage à veiller à ma propre santé ; à prendre le repos auquel j’ai droit ; à protéger ma liberté de penser et à refuser de me vendre. »

 

*** 


Après avoir prononcé cet engagement solennel, le/la praticien·n·e signerait l’engagement portant son nom ; le même document serait contresigné par tou·te·s les membres du jury public, tenant lieu de témoins.

 

Les professionnel·le·s auraient pour obligation d’afficher leur engagement signé sur l’un des murs de leur lieu d’exercice, afin de ne jamais oublier son contenu, et afin que chacun·e puisse le leur rappeler.

 

 

Marc Zaffran, M.D., M.A., alias "Martin Winckler" 

Novembre 2024 

 

samedi 24 août 2024

La santé au Québec : le point de vue d'un immigré -- Martin Winckler




Dans une chronique consacrée à La vie c'est risquer, et publiée par le quotidien québécois Le Devoir, Louis Cornellier se demande si je vis "dans le même Québec" que lui. (Je vous invite à le lire.) 

Ca m'a un tantinet agacé, alors je lui ai répondu. 

Voici ma réponse. 

MW






mercredi 3 avril 2024

Les yeux des parents (1) - Par Hélène Dulac


2001. Service de pédiatrie. Premier semestre d’internat. Quelques semaines en  néonatalogie, aux urgences puis chez les nourrissons. Une maxime entendue maintes fois : « Quand tu hésites, regarde les yeux de la mère : elles savent. » Les années suivantes  montreront qu’elle fonctionne aussi avec « le père », « les mères », « les pères ». J’ai beaucoup  appris, là-bas. Que de fois ai-je savouré les voix de ces vieux sages qui savaient être comme  jamais je ne serai… 

2024. Service Ados, autre région. La robe remplace la blouse ; oto et stéthoscope sont  restés au cabinet. Cette fois, c’est moi, « la mère ». Personne ne me regarde. Nous entendons  « Ce n’est pas à la carte. » et « Il n’y aura pas de passe-droit. » Nous ne comprenons rien, au  mépris ambiant. Où sont les parents ? Evacués loin, pas le droit d’approcher. La violence de  cette mise à distance est dure à supporter. Les soignants réclament l’alliance, mais quel en est  le sens ? Un contrat imposé, sans aucune discussion, peine à nous faire adhérer. L’arrogance  des médecins nous fait perdre toute confiance. En eux comme en nous. A nos demandes  d’aide, de documentation, « Vous chercherez », nous répond-on. Nous trouvons alors thèses,  articles et recommandations qui, tous, condamnent cette séparation. Notre ado épuisée est  bien jeune pour être ainsi traitée. Pour entendre les horreurs qu’elle a pu, avec courage, relater : « Vingt-deux kilos perdus, mais qu’est-ce que tu cherchais ? ». La pédopsychiatre suit  le protocole... Hors référentiel, pour nous parents, seuls choqués. Nous écrivons notre  inquiétude à cette « soignante ». La réponse nous glace encore : aucune remise en question,  et bien sûr pas d’excuse. Nous sommes devenus coupables : d’avoir cru notre enfant et manifesté notre étonnement. « Ici, nous allons te mettre en colère, te pousser hors de tes  retranchements, faire ressortir ta personnalité ! » O-kay… Est-ce possible en douceur ? Psycho chocs et éloignement de la mère datent du siècle dernier ! Parents réduits au silence, au  désespoir et à l’isolement, face à une équipe soudée mais incapable de se justifier.  

Des médecins du service suggèrent de nous renseigner dans les départements  voisins. Nous suivons l’idée et rencontrons cet ailleurs. Des personnes formidables nous  reçoivent, entendent et renseignent sur les structures existantes, prochainement adaptées à  notre ado qui progresse. Pendant une matinée, l’espoir reprend. Après les semaines vécues,  ça nous fait bizarre : nous pensions, vraiment, être nuls et maltraitants.  

Certains pédiatres, sourds et aveugles, malmènent des enfants. Ignorant qu’il est  pourtant si simple d’écouter, et lire en les yeux des parents. 

26 mars – 1er avril 2024

Hélène Dulac

(A suivre) 


vendredi 9 février 2024

Petit lexique médical des temps nouveaux - par "La médecienne des neiges"


A.L.D.
: officiellement : Affection de Longue Durée. Officieusement : Affectation de Larges Dividendes  (à des soignants qui le méritent certainement). 

Anxiolytiques : substances magiques aux pouvoirs multiples : rassurer, procurer un trip en soirée (si  mélangé à… Non mais, vous ne pensez quand même pas que je vais vous filer la recette des cocktails  étudiants du vingt-et-unième siècle !), apaiser les soucis qui tapent sur le système. Prescrits à tout âge,  ils sont les chouchous des médecins - soucieux des finances des patients (car remboursés,  contrairement aux psychothérapies), – pressés, aussi. 

Aqua-poney : néo-discipline ayant supplanté le golf pour justifier l’absence d’une soignante. Ex :  « J’peux pas, j’ai aqua-poney. » Dans certaines régions, persiste la formule : « J’peux pas, j’ai ski. » 

BC : dans un dossier médical, selon l’âge et le genre, Bouchon de Cérumen ou Bouffée de Chaleur. 

BC (1) : Bouchon de Cérumen : objet de tricherie du médecin incompétent en otoscopie (Voir  Otoscope) 

BC (2) : Bouffée de Chaleur : doléance à prédominance féminine expliquant le retard du médecin.  Ex : « Je viens pour renouveler mon traitement de la tension, parler du sevrage du tabac, vous montrer  deux grains de beauté qui grattent, que vous prescriviez la prochaine prise de sang et de la kiné pour  mon dos qui fait mal à cause de mon patron qui m’en met plein le rachis. Ah oui, aussi Docteur, faut  qu’j’vous dise, je crois que j’ai des bouffées de chaleur… » 

Carte Professionnelle de Santé : support plastifié, de couleur hivernale, qu’il est préférable de laisser  dans le TLA (Voir le terme) – Elle est au pessaire ce que la Carte Vitale est au spéculum -. 

Carte Vitale : Support de puce, de couleur végétale, que les acteurs de santé apprécient d’introduire  (Calmez-vous…) dans les vagins des TLA, puis les en retirer, et cela un certain nombre de fois. Tous les  jours. La nuit, aussi. 

Consultation : temps dédié à l’accueil et l’écoute d’une quinzaine de motifs d’un patient qui sera  ensuite examiné (s’il l’accepte) puis invité à s’assoir sagement et meubler (sans distraire le médecin) le  temps qu’elle passe sa Carte Vitale, lui prescrive les examens et renouvelle son traitement.  

CPTS : Collectif de Protection des Traumatisés du Soin : regroupement de soignants, rémunéré par les  Agences du Risque Sanitaire, ayant pour mission de faire régner empathie, bienveillance et déontologie  dans un territoire. Anges gardiens des patients. Humbles promoteurs de bons soins : ils sauvent le  monde et ne le savent même pas. 

Déclaration de Médecin traitant : accord mutuel entre un assuré et un médecin, qui garantit au  premier le remboursement de ses soins et au second d’en profiter grassement.

Dégradée : se dit d’une feuille de soins électronique en pourtant bon état. On ignore l’origine de ce  terme. Permet de télétransmettre une facture pour un patient tout nu (= sans Carte Vitale), déjà venu  au cabinet, déjà examiné (Voir Consultation et Règlement). 

Ecoute empathique : mission à longue durée, auto-déclarée par des médecins persuadés que la  patiente la réclame (alors qu’elle vient, tout simplement, pour Renouvellement d’ordonnance -Voir le  terme-, notamment des Anxiolytiques). 

Ehpad : Lieux de regroupements (prétendument volontaires) de personnes ayant dépassé l’âge où leurs  souhaits étaient pris en compte par leurs aidants (alias futurs héritiers) avec la complicité des médecins  (et des Neuroleptiques). Parfois lieux uniques de garantie de leur sécurité, où ni eux ni leurs enfants ne  souhaitent pourtant qu’ils emménagent. 

Féminisation de la démographie médicale : ajout d’un petit truc en plus (une barre sur le Y devenu X)  dans chacune des cellules d’organismes à l’intelligence supérieure et à la ténacité leur permettant alors de coloniser les Ecoles de Santé et d’en réussir les concours. Phénomène ayant conduit à des  néologismes tels que docteure, professeure, … Pour « médecin », les linguistes hésitent. Ex : « Je tousse  depuis 12 jours, je vais aller chez la médecine » est encore peu communément usité. 

Glycémie à jeun : dosage (à répéter au moins une fois) que les médecins en quête de ROSP (Voir le  terme) font réaliser après 12 heures de jeûne, optimisant la remontée glycémique réactionnelle, objectivée au moment de la ponction. Permet de « diagnostiquer » des diabètes chez des patients (qui  ne demandent rien et n’en ont pas tant) dont l’hémoglobine glyquée sera parfaite. Récompense par  l’Assurance Maladie garantie ! 

Maintien du dispositif : statut du patient dépossédé de médecin traitant suite retraite, décès ou  déménagement. 

Ma patientèle : paramètre de rémunération du médecin traitant (Voir ROSP) dont la taille fait l’objet  de comparaison en soirées de formation (anciennement Soirées de labo - Voir le terme-) pour savoir  qui a la plus grosse, et ce malgré la Féminisation de la démographie médicale. 

Migrant : personne physique non francophone non équipée de la Carte Vitale, ayant de multiples  problématiques complexes de santé-sociales-professionnelles-psychologiques-chronophages ; en  général, le migrant qui cherche à consulter a le chic pour contacter des médecins qui « ne prennent  plus de Nouveaux patients (Voir le terme) ». C’est ballot. 

Mon Médecin traitant : entité rare que le patient se doit de respecter, brosser dans le sens du poil, et  surtout conserver en bonne forme sous peine de basculer dans le Maintien du dispositif et voir sa  facture monter. Confitures, chocolats, cadeaux acceptés (en sus du Règlement). 

Musicothérapie : pratique de soin basée sur l’utilisation de la musique dans la relation soignant/soigné. 

Naturopathie : pratique de soin basée sur les bienfaits des végétaux et de la musique (les Fleurs de  Bach sont particulièrement recommandées pour les problèmes psychiques).  

Neuroleptiques : substances magiques administrées à : 

1. Des personnes âgées résidant en Ehpad ; l’horaire de prise est déterminé par l’heure de leur  coucher, lui-même conditionné par le nombre (unique, en général) de soignantes présentes  dans l’établissement après la tombée de la nuit (15h30 GMT en hiver) 

2. Des personnes déclarées « psychotiques », dont le comportement est « à risque » et nécessite  donc l’annihilation de leur esprit critique ou leur prise de recul

3. Des adolescents en souffrance ; comme les anxiolytiques, ils sont prescriptibles par les  médecins généralistes qui deviennent pédopsychiatres quand leur territoire en compte trop  peu (80% du pays). 

Nouveau patient : catégorie de consultant qui n’a pas de Votre-médecin-traitant (voir le terme) et  souhaite faire grossir la patientèle d’un médecin qui n’en prend plus. Critères mineurs pour obtenir un  Rendez-vous : être francophone, vieux mais pas trop, en bonne santé ; critère majeur : être en ALD,  diabétique de préférence (Voir Glycémie à jeûn). 

Otoscope : instrument de torture infantile dont l’utilité est aussi prononcée que le tensiomètre chez  l’adulte ; utilisation indispensable à la validation d’une consultation pédiatrique. L’otoscope est  l’instrument du mensonge du médecin généraliste. Prétendant qu’« Il y a une otite », alors qu’il n’a rien  vu (Voir Bouchon de cérumen). 

Règlement : moment redouté où une actrice de santé, ayant sué autant que la patiente qui se plaint de Bouffées de chaleur, lui demande de l’argent, en compensation de ses bons et loyaux services (en  tout bien tout honneur, évidemment). 

Rendez-vous : accord préalable soignée/soignante sur la date et l’heure de la Consultation. Par  opposition aux « Sans rendez-vous », les consultations « Sur rendez-vous » permettent de limiter  l’attente des patientes. Qui continuent de cultiver cette qualité malgré tout. La faute à l’Ecoute et aux  Bouffées de Chaleur, certainement. 

Renouvellement d’ordonnance : activité principale du médecin traitant, consistant en l’utilisation de  la souris : click droit => copier, click gauche => coller. Le renouvellement est demandé (ordonné) par le patient, le médecin le rédige (s’exécute). Réévaluation et modifications fortement déconseillées (sous  peine de courroux du patient).  

ROSP : Racket Organisé Sur le dos du Patient : Sommes colossales distribuées à des médecins pour  récompenser leur travail soigné de l’année. Dépend du nombre de patients déclarés « médecin  traitant » et des pathologies suivies. Sont exclues de la palpation des substantielles dividendes :  généralistes pratiquantes de la gynécologie, la pédiatrie, le suivi des pathologies mentales, adeptes de  l’écoute active, ou recevant des migrants. Pour les autres : quinzième mois. 

Soirée de labo : gavage commercial dont la fréquence a nettement chuté au cours de ce siècle.  Ségur

1. Ancien Testament (= avant l’élection monarchique de DieuAvecNous*) : Comtesse contant la malice de Sophie 

2. Nouveau Testament : loi du numérique ayant pour projet de rendre les soignantes ingénieures  en informatique (et chèvres, aussi). 

Spécialiste : médecin très pressé,souvent inhospitalier, dont la mission consiste à regarder, grâce à des  capacités supersoniques, les résultats (mais surtout pas les yeux) du patient, lui réclamer 70 euros  (parce qu’il le vaut bien, lui) après cinq minutes d’entretien, et dicter un courrier pour sa médecine traitante (généraliste).  

Télétransmission : système informatisé de communication entre les soignantes et les caisses, à visée  d’économie des secondes au détriment de dépenses (en matériel informatique) des premières. Son  taux conditionne le montant du ROSP.

TLA (lecteur de cartes bi-fentes) : calice à Carte Vitale et Carte Professionnelle de Santé ; l’une change  trois fois par heure, l’autre pas (surtout pas !!!). 

Votre-médecin-traitant : expression utilisée par le Spécialiste pour ponctuer la majorité de ses  phrases : « Pour le bon de transport, voyez avec votre-médecin-traitant », « Pour les ordonnances de  sortie après six mois en Soins de Suite et de Réadaptation, voyez votre-médecin-traitant », « J’envoie  le courrier à votre-médecin-traitant » (Sous-entendu : « pour lui dicter la liste des prescriptions que je  n’ai pas le temps de rédiger, mais que je suis sûr qu’Elle, oui »). 

*France, 2017. Réédition 2022. 

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