C'est une chambre d'hôpital. Dans cette
chambre, un homme va mourir. Dans quelques jours ou dans quelques
semaines, personne ne sait au juste, mais il va mourir, ça, tout le
monde le sait. C'est une chambre qui attend la mort, cependant elle
est pleine de vie. Les murs sont décorés de photos, c'est interdit
pourtant, mais le personnel soignant a gentiment fermé les yeux. Au
bout du lit trône un vieux doudou, c'est Martin, le doudou de
l'homme qui va mourir. Bien sûr, ça fait bien longtemps que
Martin ne sert plus de doudou à personne, mais la fille a retrouvé
cette vieille peluche dans un carton et elle l'a amenée à son père,
comme un petit clin d’œil. La fille, justement, est assise sur le
fauteuil. Dans ses bras, un bébé endormi. Un tout jeune bébé, qui
n'a que quelques semaines à peine. Trois générations dans cette
chambre pleine de vie qui sent déjà la mort, trois générations
silencieuses et fatiguées.
C'est cette équipe soignante qui m'a donné l'envie d'être aide-soignante. Grâce à un bol d'eau chaude.
Florence Braud
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Ce billet de Florence a été originellement publié sur son blog, "Soignante en devenir". Vous êtes vivement invité à lire également ce second billet, "côté obscur" de celui qui précède.
Il y a quelques années un de mes enfants a été hospitalisé pour une pneumopathie. Il n'avait que 6 ans et la douleur, ainsi que la rapidité de la prise en charge aux urgences et la décision d'hospitalisation ont été très angoissants pour lui. Cela lui rappelait également peut-être une hospitalisation à 4 semaines pour une bronchiolite. Très angoissé malgré ma présence permanente dans la chambre mère-enfant, il ne dormait plus, passait de la colère aux crises de larmes. Une nuit que j'étais épuisée et démunie face à ses insomnies, une infirmière a pris le temps de s'installer avec nous dans la chambre. Nous avons regardé une documentaire sur les raies qui nageaient dans l'océan. Mon petit bonhomme qui était devenu ce qu'il n'est pas du fait de la maladie et de l'hospitalisation s'est alors adouci, endormi. Le réconfort et le soutien de l'infirmière m'ont également apaisée. Je me suis autorisée à me détendre. Lorsque nous sommes rentrés de l'hôpital, j'ai écrit à cette infirmière pour la remercier. Pensez à remercier le personnel soignant, cela ne règlera pas le problème des salaires sous payés, des horaires à rallonge et du rythme de travail frénétique, mais cela peut remettre un peu de joie ...
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