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mercredi 4 février 2015
Examens gynécologiques, étudiants et consentement des patientes : les pays "pudibonds" et la France...
Le General Medical Council britannique a énoncé en 1996, 2001 et 2013 des recommandations de bonnes pratiques pour les examens gynécologiques. Comme on le verra en consultant ces courts documents, les mises à jour successives sont de plus en plus précises, et prévoient même la présence d'un tiers pendant un examen gynéco - soit un professionnel de santé, soit un.e accompagnant.e pour éviter tout malentendu. Le cas des étudiants et des examens gynécologiques sous anesthésie est clairement abordé et on y souligne que le consentement (qui ne doit être ni forcé ni contraint) doit être obtenu par écrit.
En 2003, un article du Journal of American Medical Women's Association envisageait sous le double aspect éthique et juridique l'inacceptabilité des examens gynécologiques sous anesthésie. Le titre "Unauthorized practices" (pratiques interdites) était clair.
De son côté, la société des GynObs du Canada a publié en 2006 (mise à jour 2010) un texte très détaillé sur la question des examens gynécologiques par les étudiants en médecine. Là encore, la question de l'examen sous anesthésie y est abordée en détail, et la question du consentement n'est ni éludée ni expédiée.
A noter que le texte de 2006 a été révisé en 2010 à la suite d'une tribune dans le Globe and Mail. Au Canada, quand quelqu'un écrit dans un journal qu'une attitude médicale n'est pas conforme à l'éthique, les sociétés de médecins prennent leurs responsabilités et édictent des recommandations en conséquence. Ces gens-là sont vraiment rétrogrades...
Les Scandinaves, eux recommandent l'enseignement avec des "patientes professionnelles" (autrement dit : volontaires, contractuelles et rémunérées), qu'ils considèrent comme plus efficace sur le plan pédagogique.
A Anvers (ville très très lointaine de Paris), c'est la même chose... Auparavant, ils ne s'entraînaient pas avec des patient(e)s volontaires, mais avec des mannequins. L'entraînement sur des patient(e)s endormi(e)s ne semble pas être une option depuis belle lurette.
Pendant ce temps, en France, le président du syndicat des gynécologues-obstétriciens français, Bernard Hédon, déclare sans rire à propos du même consentement :
"C’est aller trop loin dans la pudibonderie ! Après 40 ans d’expérience, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de faire signer un papier avant cet examen. Le corps médical est très respectueux des patients. "
POur M. Hédon, le respect du consentement est donc de la pudibonderie. C'est bon de le savoir.
Quant à la doyenne de la faculté de médecine de Lyon elle déclare :
«On pourrait effectivement demander à chaque personne l’accord pour avoir un toucher vaginal de plus mais j’ai peur qu’à ce moment-là, les patientes refusent.»
Et là, on mesure les lacunes éthiques insondables de Mme la Doyenne. Tout le propos du consentement, c'est précisément que les patients ONT LE DROIT de refuser. Et qu'en obtenant (ou non) leur consentement, on s'assure qu'ils ont pu exercer ce droit LIBREMENT !!!!
On notera cependant que tous les médecins français ne sont pas du même avis, et que les étudiants ne trouvent pas ça "normal", comme le montre cet article tout chaud de "www.pourquoidocteur.fr"
Par ailleurs, un excellent article de Karim (sur Twitter : @KarimIBZT) permet d'affirmer fermement que les TV sous AG sans consentement ne sont pas du tout un fantasme (le CHU de Nantes a fait une enquête à ce sujet) et sont, légalement, assimilables à un viol (avis juridiques multiples).
Qu'on se le dise !
MW
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Je suis maintenant médecin généraliste retraité et je me souviens lorsque j'étais en 2ème année de médecine en "cours" de sémiologie dans un amphi. de 250 étudiants,les prof.cliniciens faisaient venir un(e) patient(e) qui était parfaitement consentant(e) et peut être même fier(e) de venir ainsi "aider" la science! Sauf,sauf qu'il (elle) ignorait qu'il(elle) serait totalement dénudé,oui dénudé devant 250 étudiants ;je me souviens du choc que j'avais eu et de la gène ressenti en tant qu'étudiant! Mme la doyenne de Lyon aurait sans doute dit qu'il était inutile de leur demander puisqu'il(elle) aurait refusé!
RépondreSupprimerDans mon cabinet, aux jeunes filles pour la premiere prescription de pilule je leur expliquais d'abord ce qu'était un examen gynéco. et ensuite que ce n'était pas urgent (et je ne le faisais jamais si elles n'avaient pas eu de rapports) et qu'elles pouvaient plus tard demander à une consoeur femme si elles préféraient; Alors quand il avait lieu, l'examen se faisait tout naturellement,et toujours la parole expliquant le geste.A mes stagiaires je leur disais toujours que la parole pendant tout examen "désexualisait" le geste.
Bien sur je demandais toujours aux patients ,un s'ils acceptaient la présence du ou de la stagiaire ,et deux tel ou tel examen. Pour l'examen gynéco ( le plus délicat tant pour la patiente que pour le ou la stagiaire ( surtout le) ,mais aussi pour moi) ,je demandais toujours à la patiente ,en particulier celle que je connaissais bien;et peu refusait.Et toujours des remerciements et jamais une deuxième demande.
Il ne me serait jamais venu à l'esprit de demander un consentement écrit, mais les choses changent....Ce qui me parait fondamental,( et peut être mon expérience choquante d'étudiant m'a t'elle aidé) c'est le respect absolu de la personne comme à soi même.
Il est vrai que dans notre métier les tentations peuvent être présentes ( tant du coté du médecin que que du patient(e) ,et le savoir comme dirait Balint est fondamental.