Les implants Essure, qui avaient été présentés comme une alternative pleine de promesses pour les femmes désirant une stérilisation tubaire, ont été commercialisés en 2002. Quinze ans plus tard, ils étaient retirés du marché à la suite de nombreux incidents et complications, pour certaines très graves - survenues aussi bien juste après leur insertion que dans les mois ou années suivantes.
On considère à l'heure actuelle que 200 000 femmes ont reçu ces implants en France, et qu'ils ont été retirés chez 30 000 d'entre elles. Cette proportion, très importante, est sans précédent dans l'histoire des dispositifs médicaux.
Beaucoup de ces femmes ont été longtemps ignorées et dénigrées avant d'être crues, car les médecins qu'elles consultaient ne voulaient pas admettre que leurs symptômes étaient attribuables au dispositif. On sait aujourd'hui que ça n'était pas "dans leur tête".
Pour celles qui en sont encore porteuses, on ignore les effets à long terme des composants du dispositif (en particulier le nickel, métal très allergisant) sur leur santé.
Le problème a été considéré comme sérieux par la FDA (agence de sécurité sanitaire) américaine, qui a poussé au retrait du dispositif en 2018, date à laquelle 16000 femmes aux Etats-Unis avaient porté plainte contre le fabriquant, Bayer.
Aujourd'hui, la FDA continue à recueillir les observations venant des utilisatrices ou de leurs médecins.
En France, l'ANSM (Agence sur la sécurité du médicament) lui consacre aussi une page de son site. Un groupe FaceBook rassemble un certain nombre des personnes concernées et un livre récent a été consacré à cette affaire par Delphine Bauer et Jacqueline Maurette.
Une autre page facebook (La vie après les implants Essure) mérite aussi votre attention.
Enfin, la page FB de l'association RESIST est ouverte à toutes.
Ces jours-ci, Caroline Morel, qui vient d'être opérée pour qu'on lui retire ses implants, m'a envoyé son témoignage.
MW
Pour moi, tout a commencé en 2013.
Je venais d'avoir 40 ans, j'avais déjà deux filles de 12 et 14 ans, j'étais mariée et ne désirais plus prendre de pilule. Je l'oubliais trop souvent.
Une personne de ma famille, gynécologue, m'a alors parlé des "Essure" comme alternative révolutionnaire à la contraception hormonale. C'était remboursé par la sécurité sociale.
J'ai rencontré une professeure à la clinique St Luc St Joseph de Lyon, enthousiaste, qui me les a posés après les 4 mois de délai réglementaire, par voie basse, sans anesthésie (un souvenir assez désagréable).
Comme mon mari m'a quittée à ce moment là, ma vie est rentrée dans une période de turbulences, de dépression, d'instabilité, j'ai perdu 10 kg en 3 mois, et je n'ai plus vraiment pensé aux essures, qui étaient bien placés à la radio de contrôle.
C'est en 2017 que j'ai eu un épisode de douleurs inexpliquées dans le pelvis côté droit. Après de nombreux examens, on n'a pas trouvé autre chose qu'un fibrome assez gros. Un radiologue s'est posé la question des essures sans plus.
À partir de 2018, j'ai enchaîné avec des problèmes de santé qui me semblaient '' la vie comme elle va'', une 2ème hernie cervicale, des maux de dos, un burn out, et la périmenopause.
C' est l'année dernière, fin octobre 2022 que je tombe sur un article du Monde en rapport avec les Essure, à propos d'un rapport de l'agence de santé mis de côté. De fil en aiguille, je vais sur le lien de l'association RESIST qui milite pour faire reconnaître les dégâts causés par les implants. Je lis cela d'un oeil distrait.
Je savais que certaines femmes implantées se plaignaient de nombreux effets indésirables mais je me pensais non concernée. Puis, en lisant attentivement la liste des symptômes non exhaustifs je commence à me dire que j'en ai au moins 25 sur 40, ça fait beaucoup.
Après une semaine de réflexion et de pas mal d'angoisse, je contacte ma généraliste pour lui demander de faire les premiers examens de contrôle. Elle ne connaît pas du tout la problématique mais écoute attentivement et prescrit une échographie, des analyses.
Moi je repasse en revue, tous mes problèmes de dos, de sommeil, mes yeux secs, mes dents cassées, mes coups de fatigue inexpliqués... Je sais que je suis en début de ménopause aussi et qu'il y a certains problèmes que je ne suis pas en mesure d'attribuer.
Bref c'est en adhérant à l'association RESIST que je suis mieux informée, je prends connaissance de nombreux témoignages d'autres femmes. Je réalise le temps perdu pour mon corps.
Après un malencontreux rendez-vous d'échographie (très froid et hostile, j'ai écrit au conseil de l'ordre du département de l'Ain et obtenu des excuses) j'ai pu rencontrer le très remarquable professeur Chêne de l'hôpital Femme Mère Enfant de Lyon qui a immédiatement abondé dans la direction de l'explantation.
C'est à dire une laparoscopie pour retirer utérus trompes et col. Il conduit une étude de longue haleine sur la problématique Essure et rencontre lui-même de la résistance chez ses confrères. Après le rv pré opératoire de juin, accompagné d'un scanner, j'ai donc été opérée le 26 octobre 2023.
Je m'apprête à continuer à informer autour de moi, car sur les 200 000 femmes implantées, seules 30 000 ont été explantées. La technique ne va pas de soi, il y a eu des tâtonnements au dépens de nombreuses dames. Tous les médecins ne sont pas au courant, ou réceptifs.
Beaucoup sont carrément sceptiques sur les troubles causés par les Essure (essentiellement à cause des intoxications aux métaux lourds).
Ce qu'il ressortait à J+2 c'est déjà moins de douleurs articulaires bizarres le matin, et les yeux moins secs. Il était encore trop tôt pour les autres problèmes comme la fatigue chronique. Juste après l'intervention, c'est là qu'on réalise le scandale : avoir été obligée de subir une opération assez lourde pour simplement retirer des implants.
À J +12, je vais plutôt bien, les vertiges ont disparu et les cicatrices ne tirent que quand je suis allée marcher une heure. J'ai diminué les antidouleurs depuis 2 jours.
Pour l'état général, c'est peut-être un peu tôt pour poser un bilan, mais j'observe une meilleure forme au réveil, beaucoup moins de douleurs articulaires (c'était chevilles genoux dos). Je reste prudente, mais cela semble se confirmer.
Caroline Morel
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