Elle y aborde bien sûr l'affaire du Mediator, qu'elle a contribué à mettre au jour, et la souffrance des victimes de ce médicament, mais aussi plus largement la notion de "lexicovigilance" - qui consiste à identifier et dénoncer la nocivité du discours de certains professionnels de santé.
Je la remercie d'avoir autorisé "L'école des soignants" à reproduire cette conférence.
MW
***
« Chers étudiants en médecine, chers collègues, cher Christian,
Mon cher
Christian, tu m’as fait l’honneur de me proposer d’introduire ce premier
séminaire placé au cœur des interactions nécessairement présentes entre
sciences humaines et médicales. Tu comptais je crois également sur la présence
de Michel Serres, philosophe humaniste et bienveillant, et cela m’avait
encouragée à accepter. Il n’est malheureusement pas disponible.
Me voici à
présent très impressionnée par cette mission, dévolue à une non spécialiste des
sciences sociales autant que non spécialiste de l’éthique du soin. Une profane
en quelque sorte. Cela me conduit donc à
aborder cette conférence essentiellement sous l’angle du témoignage personnel, fondé sur l’expérience, avec le souhait de
partager des réflexions construites à postériori sur ce vécu et abandonnant d’emblée
toute prétention de prodiguer une leçon à quiconque. Des leçons, des retours
sur mes propres erreurs ou mes errements, je continue à en prendre tous les
jours….
Je me présente
ainsi devant vous, en toute humilité, avec le désir d’être sincère et j’espère
un peu utile pour alimenter les échanges futurs que soulèvent les
questionnements de la bioéthique. Mon expérience se fonde aujourd’hui sur 30
ans d’exercice médical en tant que pneumologue des hôpitaux mais aussi sur mon
engagement dans la dénonciation des effets du Mediator, engagement et tournant
dans ma vie de médecin qui a débuté il y a tout juste dix ans, en 2007. C’est
donc en puisant dans ces ressources que je m’adresse à vous.
Le champ de la bioéthique englobe les quatre
principes fondamentaux suivants : la bienfaisance, la non malfaisance,
l’autonomie et la justice.
Vous allez approfondir
dans chacun des ateliers proposés les notions essentielles de la relation qui
se tisse entre un médecin et son patient, ou devrais-je plutôt dire entre un
malade (rien ne dit qu’il sera « patient » !) et son médecin et
le fait que cette relation constitue un levier puissant de la qualité du soin
prodigué (ou a contrario un frein à la qualité de la prise en charge).
Cette notion
essentielle de la part humaine, très intuitive, son poids dans l’acte
thérapeutique, s’est confrontée à la science médicale contemporaine, ses
méthodes d’étude et d’évaluation et notamment l’appui de la médecine fondée sur
les preuves, (EBM). Avec cet outil puissant, il a été possible d’approfondir,
valider, enseigner, formaliser cette part humaine (sans occulter le risque
« réducteur » d’une telle approche), l’humanisme au cœur du soin et
constitutif de sa qualité au même titre que les compétences techniques,
scientifiques patiemment apprises durant de longues années d’étude.
J’ai donc
parcouru le programme des ateliers, programme riche et prometteur qui décline
l’approche humaine en situation clinique, en situation de responsabilité, d’information
et de communication, de dialogue au moment de l’annonce d’un diagnostic ou dans
l’abord des proches et des aidants d’un malade. Dans toutes ces situations de
mise en communication, dans une perspective de bienfaisance, le rôle de la
parole, du mot, du verbe est essentiel, central, et même vital.
Vous allez
aborder la communication envers les patients sous l’angle de la bienveillance.
L’autre principe, implicitement sous-entendu dans cette démarche est celui de
la non malveillance. La non malveillance, c’est l’impératif de ne pas nuire,
primum non nocere. Primum
veut dire d’abord, avant toute chose. Cela peut paraitre évident, bien sûr, puisque
que vous avez choisi ce métier pour être médecin ! C'est-à-dire pour
soigner, pour prendre soin, pas pour faire du mal. Chacun sait que la santé est
sacrée ! Et pourtant, depuis 10 ans, je suis confrontée aux conséquences
effrayantes d’une maltraitance (au sens littéral du terme) exceptionnellement
grave, massive, une affaire qui frappe de plein fouet et interroge le fonctionnement
(ou plutôt le dysfonctionnement) d’une large part du corps médical français.
Rien que ça !
C’est donc ce
dernier angle, un peu dérangeant, mais essentiel à entendre, que j’ai choisi
d’aborder très explicitement en introduction à ce séminaire. La maltraitance
est l’écho obligé, le côté « face » mais face sombre, à partir de
laquelle se définit la bienveillance. J’ai le souhait que cela agisse comme une
mise en éveil et prévienne le risque d’une vision tronquée des enjeux, qui se
limiterait à un mode d’emploi « comment être gentil avec son
patient » en écartant de son champ de conscience les risques de blesser et
faire du mal à celui dont on doit prendre soin. Comme s’il s’agissait d’un
risque improbable, négligeable. Et pourtant.
Pour en rendre
compte, il faut aller en quête du témoignage des patients eux mêmes, à
commencer par soi-même, lorsque l’on passe de l’autre bord.
***
[Exemple personnel
en tant que mère d’une petite fille de 2 ans, avec une fracture de la
clavicule. Urgences hospitalières le soir tard. Remarque excédée de l’interne
aux urgences : « et c’est pour
ça que vous me dérangez ! »]
Que s’est-il
passé ? Je n’étais plus un médecin, jeune chef de clinique etc. …mais une
jeune mère anxieuse en situation de vulnérabilité.
Je voulais seulement que ce médecin, cet
interne arrogant soigne mon enfant. De telles paroles injustes, méprisantes,
restent gravées en lettres de feu dans la mémoire et risquent de recouvrir en
partie le bénéfice espéré de la prise en charge, recouvrir la guérison par une
souillure difficile à guérir.
Certaines paroles de soignants peuvent agir comme
des blessures aiguës, engendrer un traumatisme,
ou agir comme des poisons lents. (NB :
ne croyez pas que les malades ne retiennent que cela, ils restent aussi marqués
par les « bonnes » paroles, celles qui informent, qui rassurent, qui
consolent et en sont reconnaissants bien volontiers, en courriers et en
présents). Pour en revenir aux paroles blessantes, c’est je crois cela qui est
à l’origine de la majorité des plaintes que doivent traiter les médiateurs des
hôpitaux, ainsi que me l’a confirmé le Professeur Jean-Jacques Kress, médiateur
pour le CHU de Brest, avec qui j’ai eu l’occasion d’aborder ces questions.
J’ai pu moi-même,
jeune médecin, déraper ainsi en prononçant l’irréparable (au
passage, l’injonction pour rattrapper une maladresse « oubliez ce que je
viens de dire » n’efface pas, même s’il faut savoir s’excuser), par agacement,
mise en difficulté (inexpérience, crainte de perte d’autorité, stress),
maladresse, erreur contextuelle, non ajustée à la gravité de la situation dans laquelle
le patient se trouve plongé.
Je n’ai pas non plus oublié, les joues rouges de
honte, un courrier reçu d’une famille se plaignant amèrement d’un comportement
attestant à un moment d’une certaine désinvolture de ma part dans la prise en
charge d’un patient gravement atteint. Que n’ai-je pu bénéficier à cette époque
d’un enseignement de « SHS » qui m’aurait peut-être évité cette
douloureuse (pour les patients et leur famille)
courbe d’apprentissage en « humanités » !
Autre exemple, j’ai
réalisé la représentation déformée que peuvent
élaborer les patients face à des énoncés par exemple statistiques qui nous
paraissent à nous de signification évidente voire triviale (Pour un
patient greffé, s’entendre dire 50 % de survie à 5 ans = quasiment mort dans 5
ans avec une échéance qui se rapproche inéluctablement !)
***
Primum non nocere. Dans l’affaire du Mediator, tout à la
frénésie du progrès thérapeutique en marche, quasi déifié, de l’innovation, des
progrès de la médecine, on a vu sombrer toute prudence à l’égard de ce principe
fondateur. Le bilan se compte en centaine de morts et dizaines de milliers
d’invalides cardiaques.
[Résumé technique
de l’affaire du Mediator : un poison mortel formellement identifié puis
sciemment dissimulé pendant plus de 10 ans afin de permettre la poursuite d’une
commercialisation effrenée]
Ce principe
bafoué, allié à une criminalité hors norme de la part du laboratoire concerné
(non la santé n’est pas sanctuarisée !) n’a pas concerné seulement l’usage
sans prudence d’une molécule chimique dangereuse.
Je me suis rendu
compte de l’impact puissant, potentiellement dévastateur de l’usage des mots,
parfois directement blessants pour le patient mais aussi professionnellement nocifs
pour établir correctement un diagnostic, une prise en charge, une guérison et
même une réparation. Autrement dit le mot, générateur de mauvais soin et de
faute professionnelle.
Dans l’affaire du Mediator il y a « le
médicament qui tue » et une pharmacovigilance prise en défaut, mais
derrière émerge « la parole qui tue », iatrogène, qui accomplit des
ravages encore jusqu’à aujourd’hui.
Ainsi en a-t-il été pour le drame du Mediator,
conséquence des ravages de l’« obésité
morbide »
-
De
la notion du « bon vivant » à celle de « l’obèse morbide »,
« comorbide »… jusqu’au « mauvais mort » en puissance, avec
une stigmatisation menant à des prescriptions puissamment iatrogènes incluant
cocktails amaigrissants et Mediator.
-
Aveuglement
quant au diagnostic : Les patientes obèses étaient essoufflées forcément parce
qu’obèses en négligeant la part majeure de la valvulopathie ou de l’hypertension
pulmonaire causées par le Mediator. L’explication s’est arrêtée là, accompagnée
d’injonctions parfois féroces pour maigrir à tout prix alors que la cause était
ailleurs.
-
Difficultés
d’imputation des troubles au Mediator et sous évaluation de l’indemnisation
(idem)
-
Impact
psychique majeur avec cette parole fréquente d’expert : c’est l’« obésité
morbide » opposée à chaque plainte fonctionnelle exprimée. On ne retient in fine que le « préjudice
médiatique » !
Témoignage d’une victime :
« Bonsoir Docteur,
> Hier ma fille m'a accompagnée voir "La fille de Brest", j'ai beaucoup
pleuré …
> En temps que victime du médiator je
tenais à vous faire part de mon témoignage.
> En 2006 j'ai été opérée du cœur à B. au
CHU de H. , remplacement de la valve
aortique et de la valve mitrale par des valves mécaniques donc sous Previscan à
vie.
> J'ai pris le mediator pendant des années
dans le cadre médical, il m'était
prescrit pour les triglycérides et il m'a été prescrit au delà de mon
opération jusqu'à son retrait sur le marché. Quand je posais des questions
suite à ce que j'entendais sur le mediator il
m'a été répondu que de toute façon je ne risquais plus rien vu que j'avais été
opérée. (nb : à un autre patient « tu es réparé, tu fermes ta gueule »)
> Le mediator m'a volé ma vie à 45 ans, il
m'a tout pris ...... après mon opération du cœur mon mari est parti.....j'ai du
me battre pour reprendre mon travail et les ennuis de santé se sont enchaînés
les uns derrière les autres...
> Je vais à B. 2 fois par an pour le bilan
cardio, je ne prenais jamais le VSL, je me fais conduire avec ma voiture
personnelle depuis 10 ans. Depuis 2 ans la Sécurité Sociale refuse de me
rembourser mon carburant et me prend en charge que sur la base du CHU le plus
près de chez moi soit L.
> J'ai fait appel de cette décision que je
trouve injuste, il m'est plus difficile de changer de cardiologue que de
coiffeur......
> J'ai passé 2 expertises pour la prise en
charge des déplacements, lors de la 2eme je me suis faite insulter : le médecin
soit disant expert pour donner son avis m'a dit en me fixant : "si je comprends bien vous venez me
faire chier pour vous faire rembourser 30.00€ de carburant", je me
suis levée et je suis partie. Une fois sa porte passée j'ai pleuré, je me suis
effondrée arrivée à ma voiture.
> Je suis désolée d'avoir autant de chose à
vous raconter, j'ai essayé de résumer au maximum mais c’est pas facile de dire
ce que l'on a sur le cœur apres tant d'années. »
***
Le drame du
Mediator m’a offert l’opportunité de rencontrer de nombreux acteurs, engagés
dans la réflexion autour du soin, dont j’avoue que j’ignorais à peu près tout
(en dehors de la revue Prescrire). « SHS »
bien entendu, éthiciens, philosophes du soin, historiens de la médecine, écrivains
(comme Martin Winckler) et également blogueurs de grande qualité, souvent
médecins généralistes comme le docteur Dominique Dupagne ou la célèbre Jaddo. Des
gens qui ont réfléchi bien avant moi aux travers et déviances éthiques du monde
des soignants pour les dénoncer et/ou en témoigner. Et naturellement, la
maltraitance de « brutes en
blanc » ne leur a pas échappé pas plus que les risques des mots qui
blessent.
« Les brutes en blanc » - je vous invite à découvrir ce dernier opus de
Winckler, malgré et peut-être à cause des résistances et critiques féroces que
ce livre a déclenché en France sitôt paru. Un
vrai tir de barrage !! Jusqu’à un communiqué de presse en bonne et
due forme du CNOM. Si ce dernier reconnait que « comme toute profession,
la profession médicale n’est pas épargnée par les dérives de certains
professionnels » il défend l’idée que « ces cas restent extrêmement rares ». Cette
réaction violente de défense aux accents très corporatistes interroge autant
qu’elle révèle la pertinence du propos. On peut critiquer ce livre, mais la
question qu’il soulève renvoie à une réalité « ordinaire » dont je
peux témoigner s’agissant de la maltraitance médicale fréquente (notamment
verbale) qui s’abat sur les victimes du Mediator.
***
Quant à Jaddo, je
me permets de vous faire découvrir quelques extraits de billets de blogs que
vous pourrez retrouver en ligne et qui illustrent mon propos :
« Pardon, je m’apprête à parler
de l’importance des mots… (roulements de tambour) et des maux ! (hilarité du
public, extase contenue, standing ovation). Ensuite, on va aborder
rapidement le registre des mots connotés.De l’obésité « morbide » .
Des pertes vaginales « sales » .
De la « tumeur » qu’est rien qu’un banal kyste et qui dans ton vocabulaire à toi s’appelle « tumeur » sans que ce soit effrayant dans ta tête.
De tous ces mots dont je perçois la violence et que j’essaie d’expliquer et d’enrober quand ils ont été écrits ou dits par d’autres, et de ne pas dire quand c’est moi qui ai envie de les dire.
J’ai eu la patiente la plus courageuse du monde (vous pensez tous que c’est vous qui l’avez eue, mais détrompez-vous, c’est moi…) qui a bravé son cancer de la gorge mieux que Samson les philistins.
Qui a tout encaissé sans broncher : les rechutes, les huitièmes lignes de chimio, les sondes naso-gastriques, les métastases encore et encore et n’en jetez plus, et que j’ai vue s’effondrer une seule fois, une seule, du diagnostic à sa mort.
Elle était venue les larmes aux yeux (fait inédit) avec son compte rendu de cancéro dans la main. Elle me l’avait tendu, et à voir sa tête, j’imaginais déjà la fin de son monde. J’ai parcouru la lettre, qui était plutôt (pour une fois) pleine de bonnes nouvelles. Des trucs qui régressaient, des scanners qui s’amélioraient, des traitements qui marchaient enfin un peu.
J’ai fini, à force de points d’interrogation, par comprendre ce qui la bouleversait à ce point.
« Tolérance médiocre de la chimiothérapie » .
Dans mon cerveau à moi, c’était plutôt gentil. Alors que d’habitude (et re pardon et re tous sont pas comme ça mais dans mon coin si) (change de coin, me direz-vous) les oncologues ont une furieuse tendance à écrire dans leurs lettres « Elle pète la forme » quand tu vois ta patiente tellement amoindrie amaigrie assourie ((assouri, c’est quand tu as arrêté de sourire)), moi j’entendais plutôt ça comme, pour une fois, « La pauvre, elle a vraiment morflé, elle a été courageuse » .
Elle, et je ne l’ai compris qu’au bout de beaucoup trop longtemps, elle avait entendu « médiocre » .
Comme dans les bulletins du collège en 6ème.
Comme dans « Bon, elle a fait sa chochotte, à pas tolérer sa chimiothérapie… »
J’ai re-compris le pouvoir des mots alors que je pensais l’avoir cerné et ne l’avoir pas oublié. Et maintenant, je me méfie de médiocre comme je me méfiais de tumeur et de morbide et de sale.
Mais combien de pathologies ai-je annoncées d’un mot rapide comme si les gens savaient à coup sûr, et de combien de mots violents n’ai-je pas saisi la portée ? Sans doute plein, que j’oublie à mesure de mon SAVOIR grandissant, mais que la fille en moi en P2 aurait entendus en se grattant les couettes, certes, mais au moins en sachant le plus important : qu’ils n’étaient pas évidents. »
Commentaires sur le blog
« Encore merci… Quand le médecin m’a dit « obésité morbide »
pour la première fois, j’ai été si mal, si horrifiée, si morte dans ma tête,
que j’ai pris 10 kg en moins de 3 mois. Pour justifier ce que j’entendais, à
savoir « tu vas mourir dans ta graisse, c’est écrit sur mon truc médical
fiable. Je ne vous parle même pas de ma nièce et de son « hirsutisme
majeur ». Prendre ça dans la gueule à 20 ans, c’est juste un
pousse-au-suicide. Ca nous a fait du bien de pleurer dans les bras l’une
de l’autre, tiens, l’obèse morbide et l’hirsute majeure. »
Christelle dit: 6 janvier, 2016 à 10 h 21 min
« Ah oui, les mots… Comme ce toubib qui a annoncé à ma grand-mère (85 ans) qu’elle souffrait de démence parce qu’elle avait foiré le test de l’horloge…
Je la revois encore quelques semaines plus tard me disant « ah, j’suis pas folle, quand même » parce qu’elle se souvenait du prénom de ma fille… »
« Ah oui, les mots… Comme ce toubib qui a annoncé à ma grand-mère (85 ans) qu’elle souffrait de démence parce qu’elle avait foiré le test de l’horloge…
Je la revois encore quelques semaines plus tard me disant « ah, j’suis pas folle, quand même » parce qu’elle se souvenait du prénom de ma fille… »
« J’ai
connu Mme B. au tout début de mon remplacement chez le Dr Cerise.
Je l’ai très vite pas aimée du tout. Au bout de ma troisième consult avec elle, j’écrivais dans son dossier : « Moi je trouve surtout qu’elle consulte beaucoup trop souvent pour une femme de 32 ans » . Et la fois d’après : « Il faut arrêter les examens complémentaires ». Elle était INSUPPORTABLE.
Il fallait l’arrêter trois fois de suite pour une sinusite à la con.
Je l’ai très vite pas aimée du tout. Au bout de ma troisième consult avec elle, j’écrivais dans son dossier : « Moi je trouve surtout qu’elle consulte beaucoup trop souvent pour une femme de 32 ans » . Et la fois d’après : « Il faut arrêter les examens complémentaires ». Elle était INSUPPORTABLE.
Il fallait l’arrêter trois fois de suite pour une sinusite à la con.
Elle avait encore trooooop mal. Et elle se sentait encore troooop pas bien.
Elle avait obtenu haut la main le record de lapins sur la plus petite durée de temps envisageable.
J’veux dire, la meuf était capable de te poser trois lapins sur la même matinée.
Elle venait pas à son rendez-vous de 8h. J’appelais, à 9h30, elle avait pas pu venir, elle s’était pas réveillée, vaguement pardon, elle reprenait rendez-vous à 11h45. À 11h43 elle appelait pour dire qu’elle annulait le rendez-vous de 11h45 et elle en reprenait un à 12h30. Et puis elle arrivait à 13H12, en disant : « Oui mais on a dû habiller sa Barbie » .
Moi je pétais un plomb. « On a dû habiller sa Barbie », sur le TROISIÈME rendez-vous de la journée, je me sentais pousser des veines sur mes tempes dont je ne soupçonnais pas l’existence.
Au 12ème lapin, du haut de ma troisième année d’exercice et de mes 30 ans, j’ai tapé du poing sur la table.
Je l’aurais peut-être pas fait pour une autre, mais elle m’agaçait tellement, avec ses bajoues vides et son regard bovin et son « On a dû habiller la Barbie » l’air de s’en foutre totalement, sans dire pardon ou désolée ou mes couilles, j’ai craqué. J’ai demandé son aval à mon chef, et je lui ai dit que les prochaines fois, ce serait 40€ la consult. Voilà. AHAH ! Toc !
J’ai pris mon air docte, je lui ai dit que maintenant ça suffisait, et que pour tous les retards, ce serait 40€. Je l’aurais fait sans doute pour personne d’autre, mais elle, vraiment, elle me sortait par les yeux. Elle a hoché la tête et elle a payé 40€ et je me suis dit que j’avais rudement bien fait.
Parce que comme ça JE LUI APPRENAIS, voyez ?
Et pourtant,
ça fait un moment que je vous le raconte, j’aime tout le monde.
J’aime tous mes patients, depuis mes tripes. J’aime les gros, les moches, les qui sentent mauvais (je crois que j’aime ENCORE PLUS ceux qui sentent mauvais), et allez savoir pourquoi aussi les méchants, les racistes, les homophobes.
J’aime tous mes patients, depuis mes tripes. J’aime les gros, les moches, les qui sentent mauvais (je crois que j’aime ENCORE PLUS ceux qui sentent mauvais), et allez savoir pourquoi aussi les méchants, les racistes, les homophobes.
Je pardonne des trucs à mes patients que je ne pardonnerais jamais au reste du monde dans le reste de ma vie. J’ai un puits d’amour à peu près sans réserve.
Et elles deux (et là encore je dis elles deux parce que je vous ai parlé d’elles, mais il y en a beaucoup d’autres que sans savoir pourquoi, sans vraie raison, j’ai haïes), elles deux je les détestais.
Le
temps a un peu passé. J’ai arrêté d’écrire « Elle consulte beaucoup
trop ! » et « Elle est agressive sans raison… » dans mes
dossiers. J’écrivais « Plaintes multiples habituelles », et je
faisais des tours de passe-passe avec du Spasfon et du Laroxyl.
Et puis,
quatre ans après, en les revoyant, j’ai vu des notes.
Pas de moi, des notes de l’autre médecin que je remplace, ou de celui qui remplace le même médecin que moi.
Pas de moi, des notes de l’autre médecin que je remplace, ou de celui qui remplace le même médecin que moi.
Mme B. était
cognée par son mari. Tous les jours. Fort.
Quand elle arrivait en retard, elle disait « On devait habiller la Barbie » , parce que si elle partait avec la Barbie à moitié nue, elle s’en prenait une, ou deux. Ou trois, sans raison. Parce que la Barbie était nue. Et que ça elle pouvait pas le dire.
Quand elle arrivait en retard, elle disait « On devait habiller la Barbie » , parce que si elle partait avec la Barbie à moitié nue, elle s’en prenait une, ou deux. Ou trois, sans raison. Parce que la Barbie était nue. Et que ça elle pouvait pas le dire.
Moi, Mme B. je
lui ai fait payer 40€ ses violences, parce que ça se faisait pas. Je l’ai
pourrie, parce qu’elle était incorrecte. J’avais un truc au fond du ventre qui
me faisait la haïr, alors que j’aimais d’amour vrai des gens bien pires sur le
papier qu’elles.
Entre deux,
j’étais allée sur Twitter. J’avais rencontré des gens, des victimes ou des
médecins sensibles, qui m’avaient appris un peu que quand tu détestes une
patiente super reloue, peut-être ça vaut le coup de poser la question. J’ai
relu en vitesse mes consultations d’il y a 5 ans, mes réactions du moment, et
j’ai eu un peu, beaucoup, à la folie honte.
J’ai revu Mme
B. J’ai lu les violences dans son dossier.
J’ai regardé
mon pied gauche, et puis mon pied droit, et je me suis dit qu’il fallait le
dire.
J’ai dit : « Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a quatre ans, j’ai été un peu dure avec vous, parce que vous étiez toujours en retard… »
Elle a dit « Oui, je me souviens. »
J’ai dit : « Je m’excuse. J’aurais dû me rendre compte, j’aurais dû poser la question, je ne l’ai pas fait. »
Elle a dit, avec toujours son œil impassible : « Oui, vous auriez dû. »
J’ai dit « Je suis désolée. »
Elle a dit « C’est pas grave, merci. Personne ne l’a fait. »
J’ai dit : « Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a quatre ans, j’ai été un peu dure avec vous, parce que vous étiez toujours en retard… »
Elle a dit « Oui, je me souviens. »
J’ai dit : « Je m’excuse. J’aurais dû me rendre compte, j’aurais dû poser la question, je ne l’ai pas fait. »
Elle a dit, avec toujours son œil impassible : « Oui, vous auriez dû. »
J’ai dit « Je suis désolée. »
Elle a dit « C’est pas grave, merci. Personne ne l’a fait. »
***
La maltraitance, ici par les mots, n’est pas seulement
dénoncée ou racontée par ces médecins, elle est aussi un sujet de préoccupation
pour les autorités de santé. En 2009, la HAS missionne Claire Compagnon et
Véronique Ghadi pour un rapport qui sera intitulé « La maltraitance ordinairedans les établissements de santé ». Je souligne le mot « ordinaire » qui ne veut pas dire
« mineur » mais inclut la
notion inquiétante de banal. Le travail de Claire Compagnon va se centrer sur
la parole des patients (orale ou écrite) afin d’éclairer cette notion plutôt
que d’évaluer le poids « quantitatif » de cette maltraitance.
Il est instructif de découvrir le sommaire du chapitre 1 où sont abordés
les types de maltraitance selon les personnes hospitalisées et leurs proches :
« 1. La
maltraitance liée aux comportements des professionnels
1.1 Un malade
transparent, un malade objet
1.1.1 Quand les
professionnels échangent et discutent entre eux, en présence du patient
1.1.2 Quand les
professionnels n’entendent pas ce que leur disent les malades ou leurs proches
1.2 Les
pressions psychologiques
1.2.1 Les menaces et
humiliations
1.2.2 La
culpabilisation des proches
1.2.3 Les représailles
: de l’« engueulade » à la punition »
(nb : au passage, on doit distinguer les notions
de maltraitance et de violence, violence peut concerner médecin soignant et
patient bien entendu, mais on ne peut parler de patient maltraitant seulement de
patient violent qui nécessite une posture adaptée du soignant. Cet aspect n’est
pas abordé ici. Et d’ailleurs une parole
peut être maltraitante sans être violente comme nous allons le voir dans
l’exemple suivant)
Dans le chapitre « pressions
psychologiques » figurent
donc « Les
menaces et humiliations ». En
voici des extraits :
« Les patients
interrogés relatent des situations d’humiliation, des propos blessants ou des
menaces implicites ou explicites. La situation de dépendance des malades exige
de la part des professionnels une attitude qui atténue cette dépendance, au
moins symboliquement, en faisant preuve d’égards, en étant attentifs à traiter
la personne à égalité. Or, sans même qu’ils en aient conscience certains propos
des professionnels peuvent blesser ;
C’est ce qui s’est
passé pour cette patiente lors de l’annonce de son diagnostic.
« Le gynéco que j’ai
vu m’a dit que j’avais un cancer. « Il m’a dit on peut vous guérir mais il va falloir enlever le sein » Je n’étais pas
contente. Il m’a dit « à l’âge que vous avez ce n’est pas un problème ». Je lui
ai dit que j’aimerais bien voir sa réaction si on lui annonçait qu’on lui en
enlevait une ! » (Personne hospitalisée, témoignage écrit) »
Autre témoignage : « Le
Dr A, pédiatre, chef du service, vient nous voir et nous demande de le suivre
dans un bureau (afin de parler loin des oreilles sensibles de Coralie). Il nous
parle de la greffe, de ses dangers, sans peser ses mots. Il fonce droit devant.
Il faut savoir que c’est une opération dangereuse, très dangereuse, avec risque
d’embolie gazeuse, de septicémie générale, de thrombose veineuse, de greffon
qui ne fonctionne pas. Il ne nous épargne pas les détails. A chaque mot,
j’accuse le coup. J’ai l’impression qu’on me tape sur la tête et que je
m’enfonce chaque fois un peu plus.
Ouf ! Quelqu’un arrive. C’est le Dr B.
Celui qui de ses doigts d’or a déjà sauvé tant de vie. Des regards s’échangent et je sens tout de suite qu’il a
compris, sans un mot de ma part, la tempête intérieure que je subis. A, le
pédiatre, a l’air gêné. Il explique que nous parlions d’aller visiter la réanimation.
Menteur ! B, par sa sérénité, son sourire, son regard me calme.» (Parents
d’enfant hospitalisé, témoignage écrit, site SPARADRAP)
Nous ne sommes pas dans toutes ces situations, à
débattre de problématiques éthiques « nobles » de communication, comme par exemple
« faut-il dire la vérité au malade ?» mais de la toxicité des mots
(ou de l’absence de mot !), du registre lexical utilisé (du choix des
mots), de la mauvaise gestion et maitrise par le médecin de ses émotions
conduisant à des réactions et paroles traduisant agacement, mépris, jugement,
incompréhension, culpabilisation, « leçon de morale » etc.
Cela vaut
dans toutes les situations, d’urgence (majorée par le stress du soignant), d’annonce
ou d’éducation thérapeutique. Je pense ici à l’injonction autoritaire et/ou
paternaliste privilégiant la sacro-sainte compliance thérapeutique face à toute
autre considération et qui a conduit tout droit au drame de la Depakine,
consommé pendant la grossesse chez des patientes non informées des risques très
importants qu’elles prenaient pour leurs enfants. Le fameux traitement « à
vie », encore un mot qui peut tuer ou abimer.
J’attire
l’attention également nécessaire pour les mots écrits, par exemple dans
les comptes rendus médicaux, maintenant accessibles (loi Kouchner) au patient
ou ses proches.
J’en profite aussi pour souligner que cette
« iatrogénie » des mots englobe plus largement les relations
interprofessionnelles entre différents acteurs de soin : entre collègues, mais
aussi de professeurs à étudiants, entre médecins et professionnels
« paramédicaux » qui sont des acteurs et collaborateurs à part
entière dans le dispositif mis au service du soin, bien que trop souvent relégués
aux titres de « sous-fifres » et/ou exécutants de moindre importance.
Le respect, la collaboration synergique d’égal à égal, la bienveillance et ses
effets bénéfiques doivent aussi s’appliquer à toutes ces situations
interprofessionnelles, ce qui incite à un changement de culture et de
paradigme…. (Rappel d’une actualité récente avec le suicide du Professeur
Jean-Louis Megnien)
Pour tenter d’aller un peu au-delà des témoignages, je
souhaite à présent faire référence à quelques énoncés et réflexions glanées ça et
là, dans des ouvrages consacrées à la réflexion éthique autour du soin, pour
donner des pistes d’ouvrages à consulter, également réfléchir à l’apport de ces
textes à notre réflexion.
***
Didier Sicard (président
d’honneur du CCNE) en préambule d’un livre intitulé « petit traité de la décision médicale » déclare : « Si l’humanité du malade transparait
dans son exigence de franchise dans le ton, dans sa soif d’authenticité dans la
relation, elle se révèle aussi parfois dans sa vulnérabilité à l’expression de
la moindre parole qu’il jugera cruelle, indifférente ou trop désinvolte. »
Pierre Le Coz (philosophe,
auteur du petit traité de la décision
médicale) met en garde « le
médecin qui risquerait d’ajouter à l’injustifiable [i.e. la maladie], l’injustice
d’une parole inamicale »
Enfin je ne saurais
que vous recommander, pour ceux qui souhaiteraient approfondir leurs réflexions
sur la communication en santé et trouver des fondements théoriques mais aussi pratiques
et pragmatiques à cette thématique, l’ouvrage « La communication professionnelle en santé » de deux
universitaires canadiens (Claude Richard et Marie-Thérèse Lussier) dont voici deux extraits :
« Le
dialogue (pour les professions de santé) constitue un engagement de l’un envers
l’autre. L’importance attribuée à cet engagement s’est traduite par la
production d’une charte sur le professionnalisme médical (plusieurs sociétés
savantes de médecine interne américaines et européennes en 2002) « qui
veut concourir à assurer des rapports plus engagés entre les patients et les
médecins ». Pour les auteurs de la charte, « les conditions actuelles
de l’exercice de la médecine poussent les médecins à mettre en veilleuse leur
engagement envers la primauté du patient ». Ainsi les principes qui ont
guidé l’élaboration de cette charte « tournent autour de la primauté du
bien-être du patient, de son autonomie et de la justice sociale ».
Cependant l’engagement du médecin doit
aller au-delà de ces trois principes et devrait s’appuyer également sur les
principes d’égalité, de solidarité et de responsabilité liés à « une seule
et même source de la morale : la vulnérabilité humaine ». Si on
considère que « le dialogue permet d’humaniser la relation entre deux
êtres fondamentalement inégaux : le médecin et son patient », le
médecin a dorénavant la possibilité de conjuguer expertise scientifique et
humanisme, c’est-à-dire placer l’être humain au centre de ses intérêts. »
Commentaire :
la vulnérabilité, on doit s’en rappeler également, est maximale dans les
situations « d’intensité émotionnelle forte» telles que l’urgence, la
fin de vie, la maladie grave ou qui touche un enfant, l’étranger, et bien
entendu le statut ni désiré ni désirable de victime d’accident médical quelqu’il
soit (aléa ou faute), pire encore lorsqu’il s’agit des conséquences d’un crime
médico-industriel comme c’est le cas pour le Mediator, comme cela fut le cas
avec la surcontamination délibérée par le VIH de patients hémophiles pour
écouler des stocks de produits sanguins contaminés etc.
Autre
énoncé de ce livre : « Si
l’univers émotionnel du patient est caractérisé surtout par la douleur
émotionnelle associée à la maladie, celui
du professionnel de la santé est caractérisé par la lourdeur émotionnelle des
tâches quotidiennes associées aux soins à donner. Dans l’un et l’autre cas,
qu’elle qu’en soit l’origine, les émotions vécues dans les entrevues requièrent
toute l’attention possible, en paroles et en actes »
Commentaire :
de ceci nous devons retenir la réalité de la mise en tension
« émotionnelle », omniprésente dans l’exercice de la médecine et du
soin. Et comprendre également que ce n’est pas parce qu’il y a désaccord ou
conflit qu’il y a maltraitance. La culture du conflit, du désaccord, sa prise
en compte, sa mise en parole est un levier contre la maltraitance. La présence
de médiateurs au sein des hôpitaux a considérablement permis d’améliorer et
prévenir certaines conséquences de la iatrogénie des mots et pas seulement des
actes en s’attachant à verbaliser le conflit.
L’un des rôles du médiateur
défini par la loi Kouchner est parfaitement explicite à cet égard :
« compléter l'information, expliquer et essayer de résoudre les malentendus
éventuels », faudrait-il parler plutôt de mal-dits, mal-énoncés, mal-exprimés… ? Mais,
dans la perspective de prévenir plutôt que guérir ces « mots », on
doit peut-être réfléchir, au-delà de la vigilance professionnelle qui nous
incombe, à élargir la place du patient dans notre système de soin, partenariat,
alliance thérapeutique, jusqu’à s’inspirer du modèle de l’université de Montréal
qui franchit un pas de plus en considérant le patient comme un acteur de soin à
part entière, vigile, expert et garde-fou de nos failles.
Autre texte de
référence édicté par l’ANESM en 2008 (agence nationale d’évaluation de la qualité
des établissements et services sociaux et médico-sociaux) :
« La bientraitance est un mot récent,
ce n’est pas un concept mais c’est une
culture inspirant les actions individuelles et les relations collectives
au sein d’un établissement ou d’un service. C’est une démarche positive qui vise à promouvoir le bien être des
usagers en gardant présent à l’esprit le risque de maltraitance. »
La bientraitance
est donc à la fois démarche positive et mémoire du risque de maltraitance.
Comment appréhender
simplement cette nécessaire vigilance ?
Il existe des termes pour
désigner les différentes vigilances indispensables pour garantir une bonne
sécurité sanitaire : dans le domaine du médicament c’est la
pharmacovigilance, pour les dispositifs la matériovigilance, et aussi la
toxicovigilance, l’hémovigilance, la réactovigilance, la biovigilance….Il me
semble que nous pourrions créer un mot pour désigner la vigilance que nous
devons avoir vis-à-vis des mots que nous utilisons pour communiquer avec nos
patients. Je propose la lexicovigilance. Soyons
« lexicovigilants ! »
Dr Irène Frachon, PH, Pneumologue, CHRU de Brest
Merci à Irène Frachon pour avoir accepté de mettre ce texte à disposition du plus grand nombre. Le livre de Marie Thérèse et de Claude devrait faire partie de la bibliothèque de tout soignant. Comme les "brutes en blanc" .... Les choses èvoluent, il faut être optimiste ! Réunion improvisée hier dans mon cabinet : Élodie, interne en stage saspas. Matthieu , externe, récemment passé en stage dans ce même cabinet (celui d'Autobus 975, Marc !). On parle médecine et thèâtre, mèdecine et littérature, médecine et SHS ... Elle est belle cette nouvelle génération de soignants, pleine d'avenir, pleine d'enseignement pour nous soignants plus tout à fait jeune ! Continuons. Dr Franck Wilmart Médecin de campagne
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