Je m’appelle Diane, j’ai 35 ans et je suis l’autrice du livre « Deux corbeaux et une cigogne », publié aux Editions Michalon.
Avant de faire des fausses couches, je ne pensais pas que cela pouvait m’arriver. Je savais, évidemment, ce qu’était une fausse couche mais je ne me sentais pas concernée. J’étais jeune, en bonne santé, enthousiaste et surtout très naïve. Disons-le clairement, j’étais, sur le sujet de la maternité, en-dehors de la réalité.
Je me suis pris claques sur claques en faisant deux fausses couches consécutives. Et certaines m’ont été données par des soignants. Si elles m’ont sonnée dans un premier temps, elles m’ont aussi donné l’envie d’écrire sur un sujet encore trop tabou : les arrêts naturels de grossesse et leur accompagnement.
L’envie était là. L’élan, je l’ai trouvé auprès de Martin Winckler qui m’a encouragée dans mon projet.
L’annonce d’une grossesse arrêtée est toujours un moment violent. Parce qu’on ne s’y attend pas, voire pas du tout. Et même si on a des doutes, on plonge inévitablement dans un état de sidération. Face à nous, on a un médecin, qui a une salle d’attente remplie de patients et moins de trente minutes à nous accorder. Pour lui, c’est banal. Ça arrive à tellement de femmes. Une femme sur quatre, 200 000 femmes en France par an. Alors il nous propose un arrêt maladie et deux alternatives médicalisées : prendre un médicament abortif, dont il note le nom de son écriture illisible sur un ordonnance ou un curetage. Vous, vous êtes à côté de lui mais en réalité à dix mille lieux. Vous ne réalisez pas ce qui est en train de se passer. Vous comprenez à peine ce qu’on est en train de vous dire. Et c’est bien normal.
Il y a quelques minutes à peine, vous pensiez mener votre grossesse à terme.
Ce sentiment, je l’ai éprouvé. J’ai aussi rencontré ce type de soignants. Mais dans mon parcours, j’ai eu la chance de rencontrer une sage-femme qui a eu une attitude et un discours différent. Elle m’a écoutée attentivement, longuement et à plusieurs reprises. Elle A ACCEUILLI MES EMOTIONS SANS ME JUGER. Elle s’est rendue disponible toutes les fois où j’en avais besoin, particulièrement dans les moments critiques où j’étais complètement perdue. Elle m’a proposé de ne rien faire et d’attendre que mon corps de lui-même se sépare de cette grossesse. J’ai fait ma première fausse couche en vacances, en Islande, au milieu d’une nature à l’état sauvage. J’étais en paix avec ce que j’étais en train de vivre. Je connaissais les situations d’urgence, j’étais bien informée, j’avais CONFIANCE EN MOI ET EN MON CORPS. Et mon mari était à mes côtés.
Depuis que je suis sur les réseaux sociaux (@gloriamamapodcast) et que j’ai lancé mon podcast, je me rends compte que la majorité des femmes ayant vécu des fausses couches n’ont malheureusement pas bénéficié du même accompagnement que le mien. Beaucoup d’entre elles ont été renvoyées chez elles avec un médicament abortif à prendre. On leur a dit qu’elles allaient avoir des grosses règles. Elle se sont senties seules, abandonnées, voire en danger et la majorité d’entre elles en sont sorties traumatisées.
Ce livre, je l’ai aussi écrit pour que les femmes sachent qu’il n’y a pas que des solutions médicalisées concernant les arrêts naturels de grossesse. Tout comme l’accouchement, une fausse couche peut se vivre de manière PHYSIOLOGIQUE.
Mon propos n’est pas de dire qu’une méthode (médicament / curetage / ne rien faire) est meilleure que l’autre. L’important est que les femmes aient le choix. Et pour ce faire, le rôle des soignants est de les INFORMER sur les avantages et les inconvénients de chaque méthode afin qu’elles puissent faire le CHOIX QUI LEUR CORRESPONDE. Puis de les ACCOMPAGNER DANS LEUR CHOIX, avant, pendant et après leur fausse couche.
Ce livre, je l’ai aussi écrit pour que les soignants se rendent compte du vécu des femmes et des couples et de l’importance de leurs mots et de leur accompagnement. J’ai pour certains d’entre eux une immense reconnaissance.
Soignants, vous qui lisez ces lignes, ne nous considérez pas comme un UTERUS QU’IL FAUT VIDER à tout prix LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE, mais comme des femmes qui viennent de perdre leur bébé et cela quel que soit le stade de nos grossesses. Avant la technique, ce qui compte à mon sens, c’est un accompagnement émotionnel.
Car comme le dit si bien Martin Winckler dans son ouvrage Les Brutes en blanc « pour soigner sans nuire, il est important avant tout d’avoir le souci de l’autre et de ce qu’il éprouve. »
Diane Léonor
Diane Léonor vit au Maroc où elle a écrit un premier livre « Deux corbeaux et une cigogne » aux éditions Michalon. Elle y raconte le vécu de fausses couches consécutives et l’accompagnement des soignants. Mais aussi le bonheur de la grossesse et d’un accouchement choisi.
Pour aider les couples, elle a créé le site Gloria Mama où on retrouve les enjeux et les messages clefs de son histoire ainsi qu’un podcast du même nom. Florilège de témoignages de femmes du monde entier et d’interviews de professionnels, elle invite à s’interroger sur ce que les femmes souhaitent pour que leur grossesse et accouchement restent des moments uniques de leur vie, vécus de manière positive et respectés par le corps médical.
Instagram : https://www.instagram.com/gloriamamapodcast/
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